Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



vendredi 19 juin 2009

Grand A et petit a


Il est le fils de son père, tenace, précis, organisé. Et puis, il a son côté rentre-dedans, un physique à la Terminator, sa façon d’être sûr que rien ni personne ne peut lui résister. Je ne lâche jamais, dit-il. On s’en doutait déjà. De prime abord, Paul Aegerter surprend, il n’est pas dans le moule de la vinocratie bourguignonne. C’est une sorte d’hyper-actif qui s’est lancé dans le grand bain très tôt. A 20 ans, il crée sa première société, une histoire de voitures, de passion. Il est toujours très « bagnole » mais moins. À 23, il rejoint le vignoble et son père, la société devient Aegerter Jean-Luc & Paul, c’est écrit sur l’étiquette. Grand A et petit a. À Jean-Luc, le savoir-faire, les vins, leur élaboration, la garde des traditions. À Paul, le commerce, l’innovation nécessaire, les gammes qui parlent aux gens. Les slogans sur les étiquettes, il fallait oser, mais ça marche. Paul croit à des choses simples, « même si on n’est pas connu, il suffit de parler aux gens et, si vous ne faites pas le malin, on vous fait confiance ». Une façon toute personnelle de mettre le pied dans la porte, servie par des produits adaptés et par les belles boutiques Aegerter de Beaune et de Nuits qui portent bien l’image. Le résultat se mesure aisément, le chiffre d’affaires multiplié par trois en sept ans. Pour être sûr de convaincre, il ajoute : « je ne me laisse jamais marcher sur les pieds ». Un côté Smith, Wesson and me totalement attendrissant.

La photo : Paul Aegerter photographié dans son chai par Mathieu Garçon

vendredi 5 juin 2009

Pomerol.com

Tapez cette adresse et, surprise, vous ne tombez pas sur le site de l’appellation mais sur celui de Monsieur Pierre Choukroun, propriétaire de 0,28 hectare à Pomerol et producteur de la-fleur-de-plince, en AOC pomerol. Voici ce qu’on peut y lire : « Le vin du Château La Fleur de Plince AOC Pomerol est un vin puissant, raffiné et rempli d'élégance. C'est un vin charnu, aux arômes caractéristiques de truffe. Ces vins peuvent se boire jeunes et vieillissent également fort bien ». Je vous laisse le soin de comparer ce descriptif à vos dernières impressions de dégustation d’un bon pomerol. Ce monsieur a fait main basse sur le nom de domaine (c’est comme ça qu’on appelle les noms de sites internet) parce que ce nom était libre, ce qui signifie que pas un seul des grands propriétaires de l’appellation n’y avait songé avant lui et que le voilà, pour les amateurs mal informés du monde entier, représentant unique des plus beaux vins du monde. J’ai fouillé partout, je n’ai trouvé aucune trace de ce vin, ni sur les sites marchands, ni dans les guides, ni au catalogue des quelques cavistes qui comptent encore.
Toi, Hubert et toi, Catherine, et tous vos pairs, et ces vieilles familles, les Nicolas, les Thienpont, les Berrouet, les Bailliencourt et les autres, cette aristocratie du grand vin, tous roulés dans la farine par le dernier arrivé. Si ce n’était pas aussi consternant, ce serait très drôle, ce côté "bien fait pour eux". Le site a été ouvert à la fin des années 90. Que faut-il en déduire ? Que tous ces grands noms du vignoble ne croyaient pas à internet, à l’époque ? Qu’ils n’ont jamais songé à mandater leur syndicat pour défendre l’appellation ni fait le nécessaire pour se donner tous les moyens d’en assurer la promotion ? Que tout le monde s’en fout ? On ne peut rien exclure. Certes, il y a un site pour le syndicat des vins de Pomerol, mais ce n’est pas pomerol.com, c’est vins-pomerol.com. Ce n’est pas pareil, pas aussi simple, pas aussi vite.
Aujourd’hui, ce qui agite les tenants de l’appellation, c’est d'imposer l’obligation de vinifier sur des chais construits sur le territoire de l’appellation, une nouvelle idée pour emmerder les petits producteurs qui vinifient dans les villages alentour. Certes, c’est une règle des AOC dont on comprend bien le motif, mais elle n’était pas appliquée à Pomerol en raison de la très petite taille de la majorité des propriétés. Il y a des jours comme ça où une grosse fatigue me gagne. Je vais chausser mes boules Quiès, ça m’évitera d’entendre ricaner les producteurs de vins italiens, espagnols, portugais, etc.