Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



lundi 25 janvier 2010

Des vins d’en haut

Retour sur une semaine de ski à La Clusaz. Il a fait beau, merci, ce n’est pas le sujet. Plutôt un certain nombre d’occasions de goûter des choses inhabituelles. Un mondeuse de chez Trosset, par exemple, un 2008 fruité, puissant, malin, séducteur, buvable et plus. Autre mondeuse de chez Magnin, un 2004 déjà un peu amorti, c’est bon comme tout ces machins-là. Quelques verres ici et là de chignin-bergeron, un blanc. Pour comprendre pourquoi Pierre-Emmanuel Taittinger a acheté un vignoble en Savoie pour faire du chignin-bergeron. J‘ai compris. C’est très aromatique, très frais, très élégant. Mais pourquoi on ne boit jamais de vins de Savoie ? Quelle erreur, quelle paresse. Un constantin-chevalier 04, aussi. C’est un côtes-du-lubéron repris il y a une quinzaine d’années par un président world de la pub, un type tonique, passionné au moins autant par son vin que par le Lubéron. Il est à Lourmarin, sur le flanc Durance du massif. Au début, dans les années 90, j’avais un peu de mal avec son pinard, mais là bravo, il a fait de vrais progrès, c’est très bon, pas exagérément Provence, c’est-à-dire fin, pas comme la citadelle, le vin de Rousset-Rouard à Ménerbes, c’est tout dire. Et puis, un déj dans un resto de piste au dessus de La Clusaz. Le temps était à la neige, et nous, d’humeur sauternes. Allez, hop, un guiraud 89 avec des diots (saucisses locales) et une polenta au comté. Un déjeuner de roi, pour se souvenir que le sauternes est bon avec presque tout, un bonheur parfait pour lancer une après-midi finie au cinéma. Et puis la couleur d’un guiraud de 20 ans, quelle beauté, c'est pas du cinéma. Faites pareil.

lundi 11 janvier 2010

Cinq bouteilles


Ce n’est pas le nombre de bouteilles ouvertes dans la semaine, juste celles de samedi soir. Un vouvray le-mont 1992 de chez Huet (hélas bouchonné), un château-de-fesles, anjou 2006, un auxey-duresse 93 de chez Jadot. Plus un pol-roger 2000 à l’apéro et un fonseca 2007 pour faire glisser la soirée. Au menu, sublime salade de champignons, saumon fumé remarquable (Petrossian) accompagné de rattes au four, beurre d’algues (Bordier), plateau de chèvres. Un samedi soir entre potes, comme vous les pratiquez, un samedi soir sur la terre, comme dit ce chanteur que, d’habitude, on n’y comprend rien.
Je n’en parle que pour dire mon coup de cœur : le champagne pol-roger, blanc 2000. Les autres vins étaient sans surprise, tous à point, mention spéciale au château-de-fesles, seul capable d’affronter le saumon fumé, une autre à l’auxey-duresse, fait pour les chèvres, une autre au fonseca. Celui-là, nous sommes contents de l’avoir goûté dans sa très prime jeunesse. Les portos sont comme ça, parfaits pendant deux-trois ans après la mise et quarante ans plus tard. Entre les deux, attendre. Mais le pol-roger. Le raffinement absolu du pol-roger. Les commentaires fusaient sur le même ton : exquis, délicieux. Un champagne très féminin diraient les hommes, les vrais. Un champagne très masculin diraient les femmes qui aiment les hommes, les vrais. Un champagne magnifique d’intégration dans son assemblage, pas l’excès de vinosité du pinot noir, pas l’excès de légèreté du chardonnay, un équilibre rarement ressenti, un dosage au petit poil qui préserve une acidité bien comprise, une tension très consistante, l'effervescence dans la finesse extrême. C’est Winston Churchill qui aurait été content. Nous l’étions pour lui.