Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



vendredi 24 septembre 2010

Le grand blond des vins blonds


Bonjour. Voici Dominique Demarville. Il est le chef de caves des champagnes Veuve-Clicquot. C’est-à-dire que c’est lui qui fait, littéralement, les vins que vous buvez. Ne me dites pas que vous n’avez jamais bu de Veuve-Clicquot, ce n’est pas sérieux. Sur la photo, on ne voit pas toute la volonté que ce garçon dégage. On peut d’ailleurs se demander s’il n’a pas été engagé pour ça, cet air, là. Avec un challenge extrême à la clé. Remplacer l’idole des vignes, Jacques Peters, son prédécesseur. Depuis la création de la Maison en 1772, ils n’ont été que dix à cette place. Ils se sont transmis la définition du « style maison », l’autre façon de faire comprendre au public qu’il n’y a pas deux champagne identiques. Et Jacques Peters a transmis à Dominique Demarville. Et ni l’un ni l’autre ne diront jamais de quoi est fait ce style Clicquot. Ils réciteront la petite chanson qui fait une réponse, jamais à l’abri d’un superlatif inutile, ils parleront de fraîcheur, d’arômes, de longueur. La péroraison nous emmènera vers des cieux toujours bleus. Préférons l’avis de Michel Bettane sur ce sujet (ci-contre). Vite, on parlera d’autre chose. Pas de chiffres, non, c’est secret-défense dans les Maisons du groupe LVMH. Nous savons bien que ce sont de gros volumes à destination de la planète toute entière. Et bravo pour ça, le genre de bonne nouvelle agréable à entendre ces jours-ci. Par exemple, parlons de Jacques Peters, c’était dur de prendre sa suite ? Dominique est un garçon très arrondi, il dit tous les bonheurs du monde.
Jacques Peters a eu du mal à partir. Combien de fois a-t-on fêté son départ. On imagine très bien la difficulté pour son successeur, le frein rongé, les bouffées d’impatience. C’est le problème avec les icônes. Mick Jagger, c’est pareil. Et puis Jacques est parti pour de vrai. Dominique préfère parler de lui, il a raison, c’est lui qu’on rencontre. Ce côté concentré, précis, travailleur, sérieux. Vite, il est convaincant, crédible. Touchant, même. Il n’est pas un chef de caves mondain, on n’en connaît pas beaucoup, cela dit. Depuis l’époque où il faisait la même chose chez Mumm, il n’a pas changé, pas vraiment, un peu d’épaisseur dans le regard, le geste, des épaules, pas plus. L’homme est le même. Nous, forcément, on adore ce genre d’authenticité, les journalistes sont comme ça, les petits malins nous ennuient. Demarville ne nous dira pas la V.O., il parlera de lui, simplement, sans jouer à la grenouille et au bœuf. Il dit : « Je m’applique à faire vivre le mot de Madame Clicquot, “une seule qualité, la première”, en adaptant le style de la Maison, et cette exigence, aux attentes nouvelles du consommateur ». Alors, Dominique des nouveautés ? « C’est secret, mais nous préparons des choses ». Passons. Le vin que vous pourriez boire à genoux sur une règle en fer ? « Le sauternes ». Pas drôle, nous aussi. Au fil de la conversation, nous conviendrons que nous sommes d’accord sur à peu près tout, le bourgogne, la curiosité, les grands rhônes, la pêche au lancer. Son goût pour le groupe Abba et JJ Goldman est tout ce qui nous sépare. Il fallait quelque chose.

La photo : Dominique Demarville photographié par Mathieu Garçon aux Crayères, à Reims

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