Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



vendredi 28 janvier 2011

Apprenez le vin à vos enfants


Commencez par la vigne, cette merveilleuse histoire de liane. C’est un petit bouquin pour les enfants. Il s’appelle « Grand-père, raconte-moi la vigne ». L’intention est évidemment pédagogique. Moi, je trouve ça parfait. On se dit que c’est l’une ou l’autre des associations qui émargent grassement au budget du Ministère de la santé qui a mis ça en place dans le cadre de ses activités anti-alcooliques et on se dit que c’est bien qu’enfin il se passe quelque chose de constructif dans ce domaine. On se dit aussi que ces gens ont eu raison d’aller voir au Canada comment font les Canadiens et comme ils réussissent bien dans ce travail difficile. Un rêve, toute cette intelligence, toute cette tolérance bien comprise, développer la conscience par l’éducation au lieu de la répression, un rêve, oui.
Les rêves restent au pays des rêves, comme dirait l’autre. Bien sûr, ce n’est pas une action des lobbies prohibitionnistes. Bien sûr, c’est une initiative privée d’un éditeur spécialisé de bonne qualité. Bien sûr, personne n’en parlera à la télé. Ils ont le droit, ils ne le feront pas, l’auto-censure marche si bien, l’un des plus beaux succès des lobbies cités plus haut.
C’est Féret, l’éditeur bordelais qui publie beaucoup de belles choses sur le vin, dont le Féret, bible des bordeaux, qui a sorti ce gentil petit livre. Parlez-en à vos enfants au lieu de leur parler sans arrêt de Charles et Piper, c’est lassant à la fin, ces histoires de grandes personnes.

Piper & Charles en sari devant le prisu

Voilà qu’on annonce l’arrivée dans la danse de Vijay Mallya, le flamboyant milliardaire indien, candidat malheureux au rachat de Taittinger, grand amateur des vins de Frère Marie-Pâques et propriétaire assez heureux de l’écurie Force India en F1, également propriétaire ravi de United Breweries, auto-proclamé leader mondial des vins, bières et spiritueux. Sacré lui, voilà qu’il bouscule un monde qui n’aime pas ce genre de compétition. Et comme il ajoute toujours une dimension très personnelle dans les affaires qu’il traite, il est tout à fait capable de mettre un gros paquet sur le bureau des vendeurs pour emporter les bébés au nez et à la barbe des Champenois. Après, il lui restera à sécuriser les appros et ça, c’est une autre histoire. Très champenoise, pour le coup.

jeudi 27 janvier 2011

Piper, Charles et le grand oiseau noir

Mon ami le corbeau, via un commentaire posté sur ce blog, me garantit que le montage de la transaction est le suivant : le vignoble chez Moët-Hennessy (comme souvent, précise-t-il), Charles Heidsieck chez Alliance Champagne (la marque Jacquart) et Piper chez Nicolas Feuillatte. Bigre. C’est que cet oiseau-là a l’air très informé. Il a même ajouté le numéro de portable du grand patron de Nicolas Feuillatte, ce qui explique que je ne publie pas son commentaire. Je vais essayer d’appeler ce numéro, pour voir. Et pour savoir, si le monsieur est bien aimable. Mais demain. Il est tard là et, à la campagne, on se couche tôt.

mercredi 26 janvier 2011

Piper & Charles, ne croyez pas tout ce qu’on vous raconte dans les journaux


Une fois de plus, la Revue des vins de France, un magazine professionnel spécialisé dans l’information vini-viticole, publie ce matin une brève pour le moins dénuée de fondement. La RVF affirme avec son aplomb habituel (on se souvient de la non-affaire de la mise en vente de Phélan-Ségur) que la maison Rothschild (Mouton) serait sur le point d’acquérir les champagnes Piper & Charles Heidsieck. Nous, très surpris de l’apparition de la baronne dans un jeu qui semblait jusqu’ici champeno-champenois, nous avons foncé à la pêche d’une confirmation. La réponse a été nette : « Quand il s’agit de Piper, la RVF dit toujours n’importe quoi ». C’est une réponse dont nous prenons acte, mais nous n’en savons toujours pas plus sur l’état d’avancement de la transaction.
Évidemment, les allégations du magazine partent d’un semblant de vérité. Rothschild, via sa filiale distribution assure la commercialisation de Charles Heidsieck et, donc, pourrait être un repreneur crédible. Mais non.

dimanche 23 janvier 2011

Charles Heidsieck & Piper-Heidsieck, saison 183

Un poil longuet, ce feuilleton. Aux dernières nouvelles, extrêmement difficiles à obtenir, la belle jeune fille a quatre prétendants dans sa short-list. Les jeunes filles sont devenues impossibles ; autrefois, elles en avaient deux, qui réglaient ça sur le pré à l’aube et roule. Maintenant, ça se tortille dans tous les sens, ça se demande, ça fait comme si, ça n'avance pas.
Et puis, deux ou trois copains m’appellent pour me dire que cette fois, ça y est, c’est sûr, j’te jure, c’est le groupe connu pour sa marque-phare, Nicolas Feuillatte, qui a embrouillé les parents et que si j'avais le portable de l'élu, ce serait sympa. Je l'ai pas.
Ces copains-là, journalistes économiques, font le siège de la secrétaire du patron de cette richissime coopérative champenoise pour avoir l’interview du siècle qui révèlera au monde avide d’info la vérité vraie sur cette transaction. Sans succès, bien évidemment. Les grands patrons, dès qu’il s’agit d’avouer qu’ils mettent un peu d’argent dans le commerce, y a plus personne. D’autres sources me disent que nous saurons tout dans les trente jours qui viennent. J’espère bien être le premier à vous l’annoncer. Eh oui, non ? Rappelons que tout ce bazar n’a d’intérêt qu’au regard de l’avenir d’un champagne que nous aimons énormément, Charles Heidsieck dans toute sa gamme et sa splendeur. Le brut non millésimé est une sorte de Krug en baskets, mais à 30 euros, pas à 130, et la cuvée top, dite Blanc des millénaires millésime 1995, laisse à peu près tout le monde dans le sillage. Ce dont très peu de gens ont conscience. Donc, oui, l’avenir de ces grands vins et à quelle sauce ils vont être mangés nous intéresse un peu.

vendredi 21 janvier 2011

Le grand homme de Vouvray


Si j’étais une petite fille de quatre ou six ans, j’aurais peur de Noël Pinguet, je me dirais que c’est un ogre et qu’il va me manger. De l’ogre, il a la haute stature, la grosse voix, les gros yeux, l’allure sans complaisance, sans trop de façons, non plus. Et puis, je regarderais mieux et je rirais très fort pour gommer l’angoisse de la minute précédente. Un ogre avec des lunettes rouges, c’est un clown et c’est gentil, un clown. Ben ouf. Il est comme ça, le patron du Domaine Huet à Vouvray. Incroyablement rétif de prime abord, limite désagréable, bougon, j’ai pas le temps. Et puis, il réalise que vous avez voyagé pour arriver dans sa cour et il consent à descendre du tracteur au moment précis où l’on se dit qu’on va se casser, c’est bon là. Peu à peu, l’ogre s’apprivoise et se transforme en une personne d’une exquise courtoisie, avec des histoires à raconter, un bon sourire et la petite fille de six ans se sent beaucoup mieux, elle en ferait bien son grand’père. L’ogre en nounours, oh oui. Plus le temps passe, assez vite, plus Noël Pinguet devient chaleureux, amical, drôle, sympathique. Et puis, on aime son engagement, on aime les gens engagés, il faut dire. Ceux qui prennent leur vie à pleins bras, conscients, responsables, citoyens, maîtres de leurs choix, de leur univers. On aime ces humains-là, vous aussi. On aime son implication dans le haut niveau. La bio-dynamie en évidence, pratiquée depuis des années, ce n'est plus un sujet de conversation. Il dit : « Je me sens un peu seul dans l’appellation. Nous ne sommes pas dix à travailler bien sur 210 vignerons à Vouvray. On est cinq à vendanger à la main, les puristes ne sont vraiment pas nombreux ». Pour autant, « Je ne suis pas un donneur de leçons. Je ne fais pas de prosélytisme. Je dis ce que je fais et chacun fait comme il peut avec ses moyens. » Quand même, en le poussant un peu, il dit qui travaille bien, il parle de Chidaine, de Foreau, d’autres encore, avec une certaine tendresse, mais n’exagérons rien . Nous avons passé un long moment en sa compagnie dans son pressoir. On sent la passion de l’homme qui pointe sous la carapace. « C’est moi qui pressure et personne d’autre. »
Il y a quelques années, sans doute quand le problème de la succession de son beau-père, Monsieur Huet, s’est posé, environ deux tiers du capital de la maison a été vendu à un Américain d’origine chinoise, Monsieur Hwang. Une collaboration dont Noël Pinguet est très content, apparemment. Ce co-propriétaire majoritaire lui laisse les mains libres. Pinguet fait ce qu’il veut et le fait bien. Au chai, à la vigne, au caveau, mais aussi la gestion des millésimes. Avec environ quatre années de récolte en stock, il peut se permettre de ressortir, de loin en loin, de vieux millésimes pour le plus grand bonheur de l’amateur. Ainsi, il a retiré de la vente les 95, 96, 97. On les reverra dans dix ans. Il ne sont que deux à faire ça à Vouvray, l’autre est Philippe Foreau, le propriétaire du légendaire Clos-Naudin. On sent percer un peu de lassitude dans le discours. « Je me demande si je ne devrais pas quitter l’appellation. On nous demande des choses aberrantes. » Comme partout Noël et, comme partout, la lassitude affleure. Mais Vouvray sans les grands vins de Huet, c’est quoi ?

La photo : Noël Pinguet, photographié à Vouvray par Mathieu Garçon

mercredi 19 janvier 2011

Douze minutes à Trévallon


Comme une sorte d’étape, une pause pour prendre son élan, pour respirer à fond avant de découvrir Trévallon, nous avons déjeuné à Dalmeran, la propriété d’à côté. Ici, Neil Joyce vous reçoit dans l’un des plus beaux domaines qu’il m’ait été donné de visiter. Les parcelles de vigne éparses sur les pentes du massif des Alpilles, c’est sublime, on pourrait s’y promener des années durant, ce que fait Neil, d’ailleurs. Et, depuis cinq ans, les vins progressent avec une belle constance.
Et puis, Trévallon. L’icône du sud depuis bientôt quarante ans. Le pied de nez le plus réussi jamais adressé aux institutions qui régissent la production de vin en France. Un vin de table, deux en fait avec le blanc, la moins valorisante des classifications et un géant du vignoble, à la fin. Reconnu dans le monde entier, le prix de vente qui va avec. Plutôt qu’un long papier, voici l’interview filmée d’Eloi Dürrbach, l’inventeur de Trévallon, un type différent, très. Avec ce film, on est en deçà du quart d’heure. Prenez ce temps. On a toujours douze minutes et 31 secondes pour comprendre les choses importantes et les gens qui les font.



Ce film a été fait par Mathieu Garçon, comme toujours.

vendredi 14 janvier 2011

Clementine de, le retour

Après quelques semaines de silence radio que nous devons sûrement à la période de « fêtes » que nous venons de traverser, Clémentine de Lacombe m’a envoyé ce qui suit que je publie tel. Cette fois, avec le minimum de corrections nécessaires à une lecture facilitée. Je continue à trouver ça drôle, bien tapé, juste et grinçant, j’aime ça, moi. J’espère que toi aussi, ami lecteur. Réfléchis bien, c'est pas tout le monde qui formule des vœux aussi agréables à recevoir avec son langage moins de 25 ans que même les plus grands n'auraient pas renié.

Cher, Cher, Cher, Très Cher Ami.
Tu as entamé l’année 2011 avec autant d’entrain que la bûche de Noel le 24 au soir chez belle-maman. Dans les deux cas, t’en as pas trop envie, normal.
Pour la bûche, tu sais qu’elle vient de chez Franprix. Heureusement, l’expérience t’a appris que l’arroser généreusement de n’importe quel alcool présent sur la table facilite son ingestion. C’est une maigre consolation, mais ça aide toujours à passer le cap.
Pour 2011, tu sais que tu vas devoir prêcher la bonne année sans y croire pendant deux mois et créer 1 458 nouveaux dossiers clients « 2011 » sur le commun du serveur de ton entreprise en deux jours. T’en as une migraine olfactive à te décoller la rétine rien que d’y penser.
T’as pas vraiment le choix et c’est comme ça chaque année.
Le regard de belle maman est aussi perçant que celui de la civette de Malaisie. Ne pas finir la bûche c’est trouver de la mort au rat dans le dentifrice le soir même.
Quant à la nouvelle année, même Harry Potter a pas pu empêcher la mort de Dumbledore, alors tu crois quand même pas que c’est toi qui va empêcher 2011 de commencer.
Cherchons le bon côté des choses, le bon côté du vin.
2010 selon les experts sera un bon millésime. Encore meilleur que 2009. Tu sais pas trop pourquoi, le réchauffement climatique, on en parle beaucoup à la télé. Et tu te réjouis. T’as pas encore bien compris qu’avec les primeurs et ceux qui ont confondu la place de Bordeaux avec le Cac 40, sans oublier les Chinois aux portefeuilles aussi garnis qu’ils sont petits et jaunes, tu boiras jamais une seule goutte de ce millésime.
Cherchons ailleurs. Les salons, les dégustations, Vinexpo. Bof. Moi je veux de la nouveauté. Pas la Tour d’Argent élue « meilleure carte des vins de l’année » par la Revue du Vin de France. Tout ça c’est convenu, déjà vu et ça ne m’amuse plus. Je veux partir voir ce qu’il se passe ailleurs. Les vins chiliens sont-ils bons ? L’Australie pratique-t-elle de bons prix ? Même au Royaume-Uni, on vinifie. On nous cache tout, on nous dit rien.
Tout ce que je te souhaite pour 2011, c’est des découvertes boulversifiantes, des vins vertigineux accompagnés de festins gargantuesques, rien de triste, que des marrades.
Et si tu es blogueur, je te souhaite que tu exploses tes stats de l’année dernière. Parce que t’es obsédé par ça, euphorique quand tu vois le passage furtif d’un Québécois, apaisé quand tes graphs montent en flèche, déprimé quand ils dévalent les pistes enneigées.

jeudi 13 janvier 2011

Du calme, Rex

Aïe, ça fume dans la blogosphère. Eh ben, les pit-bulls, du calme. Les quelques-uns qui tiennent des blogs bien faits, enthousiastes et incisifs se font allumer grave par tous les grands inquisiteurs, les pourfendeurs de complot, ce mal français. Un vacarme, on ne s’entend plus. C’est Hervé Lalau (le blog Chroniques vineuses) dont les compétences journalistiques pourtant réelles et reconnues sont mises en cause, c’est François Mauss (le blog du Grand jury) qui n’est plus très loin du lynchage, le soupçon gagne, nous nous faisons tous traiter de chiens à la solde du grand capital, l’hystérie à son comble, les enfants vont nous jeter des cailloux.
Tout ça parce que dix des meilleurs dégustateurs du monde (qui n’en compte pas beaucoup plus) ont jugé du bout de leurs papilles que lascombes 05 est meilleur que tous ses pairs (les seconds grands crus classés 1855) et que les cinq premiers et que cette dégustation magnifique a été demandée – et payée – par Lascombes. La grosse affaire, tu penses. Qui se dégonfle comme une baudruche. Les jurés ont jugé à l’aveugle, sous l’œil de caméras, d’un huissier et de son assistante, tout a été fait selon une procédure des plus rigides. Qu’on me permette de préciser que ces précautions à caractère juridique ne servent à rien. Pourquoi ? Parce que les jurés réunis par le Grand jury européen sont des gens dont l’intégrité ne fait de doute pour personne et que même sans cette débauche préventive, jamais un seul n’aurait seulement l’idée de tricher, parce qu’ils sont les premiers à douter de tout et qu’ils n’ont de leçons d’honnêteté à recevoir de personne. Et je mets le président Mauss dans le même sac, il l’a assez prouvé depuis quinze ans. Qu’on y ajoute la passion authentique de tous ces membres du GJE, vraiment curieux de savoir qui est le meilleur de tous ces vins parce que ça les intéresse pour de vrai.
J’ai écrit qu’à l’annonce des résultats, certains avaient ricané. C’est bien la preuve de l’indépendance des jurés, de leur détachement des contingences. C’est normal qu’ils rigolent, Lascombes paie, lascombes est premier, il y a de quoi rire. Que Mauss ait pris la peine de décrire à nouveau la procédure validée par un huissier montre seulement la nécessité de toujours remettre l’ouvrage sur le métier. Ce qu’il fait, inlassablement. C’est son honneur et celui du Grand jury.
Que ces Torquemadas de fond de cuve, ces jouisseurs du soupçon, ces jamais-contents s’expriment, c’est le revers de la médaille d’internet, la réponse est dans la question. Mais pourquoi ils ne s’enthousiasment pas de voir lascombes et léoville-poyferré damer le pion à des vins dont la notoriété les écrasent depuis si longtemps ? Pourquoi ils ne battent pas des mains à l’idée que les petits viennent à bout des grands ? Voilà qui devrait leur plaire, normalement. Pourquoi ils ne baisent pas les pieds du Grand jury pour avoir fait acte de justice populaire, pour avoir guillotiné les puissants au bénéfice des sans-gloire ? A moins que le seul plaisir soit de dire non et de casser les beaux jouets, comme les enfants. Qu’ils se rassurent, nous continuons.

mardi 11 janvier 2011

Lascombes, léoville-poyferré et mouton, meilleurs 2005


Ils sont une petite vingtaine réunis dans un salon du Laurent, mythique restaurant des jardins des Champs-Elysées. L’ambiance est studieuse. Chacun a devant lui dix-neuf verres à moitié pleins. Ils sont les dégustateurs du Grand jury européen, ils goûtent à l’aveugle, c’est-à-dire qu’ils ne savent pas quel vin est dans quel verre. C’est le propriétaire d’un fameux second cru classé du Médoc qui a provoqué cette réunion. Ce propriétaire souhaite étalonner son vin par rapport à ses pairs et aux cinq premiers crus classés, haut-brion, mouton, lafite, latour et margaux, dans le même millésime dont les dégustateurs n’ont pas connaissance. Comprendre que ce monsieur est curieux de savoir si les considérables écarts de prix entre un premier cru et un second cru sont justifiés. Pendant près de deux heures, ils vont goûter chaque vin et noter leurs jugements, impressions, sensations. Comme chaque fois, on rend ses feuilles à l’huissier (un vrai, engagé pour l’occasion) et chacun argumente ses notes devant tout le monde. Ce debriefing durera une bonne heure encore. François Mauss, le président du Grand jury, anime la conversation. Il demande à ses dégustateurs quel est le millésime. Une majorité se dégage sur 2006. Une voix propose plutôt 2005, c’est Philippe Bourguignon, le patron du Laurent. Il a raison. Bettane exprime quelques vérités sur le millésime 2005 et les propos s’enchaînent. Burtschy reconnaît brane-cantenac qui reçoit un beau concert de louanges, c’est Henri Lurton qui sera content, lui qui travaille tant et depuis longtemps pour redresser le cru. Alain Raynault trouve cos-d’estournel, Poussier déclare que c’est le premier où le fruit l’emporte sur l’élevage, ce qui le rend plus gourmand. Tout ceci, dans une ambiance concentrée, recueillie même. Ici, on ne déconne pas. Ou alors, après. Bettane reconnaît margaux, bien joué. Tout le monde ou presque s’accorde sur la petite qualité du bois des barriques de ducru-beaucaillou. De toutes façons, le Grand jury n’est pas le temple de la tolérance. Il ne se réunit pas pour trouver des excuses, mais pour stigmatiser les vins dont le classement ou l’image ne correspond pas à la qualité mise en bouteille, c’est très différent. On fait assaut de sévérité, le moindre défaut, même mineur, est monté en épingles, on fustige, on se moque parfois. C’est le rôle de ces grands dégustateurs, un peu loin du public et de la réalité de la consommation au sens large. Pas grave, c’est comme la Formule 1 et ta Laguna, ceci sert cela. Et l’homme étant ce qu’il est, autant tenir rênes courtes les grands faiseurs des appellations. Ils savent que le moindre ratage est instantanément montré du doigt et ils en tiennent le plus grand compte.
On parle de masse tannique, on dit que montrose en a pour quinze ans avant d’être à son meilleur, mais que tout est là pour ça. Christian Roger, banquier de son état et membre permanent du GJE, et Michel Bettane expriment des avis divergents sur rauzan-ségla. Michel dit qu’il aurait aimé le faire. John Kolasa appréciera la qualité de l’éloge. Et boum, la cata. Les deux bouteilles de léoville-las-cases étaient touchées à des degrés divers par le TCA, ça va fumer chez Delon (Hubert, pas Alain). C’est le drame de la dégustation à l’aveugle, et c’est son honneur, on ne respecte plus rien ni personne. Olivier Poussier dit de belles choses sur léoville-poyferré et Bettane précise que c’est sa meilleure note, il parle du courage de Cuvelier, le propriétaire, qui a su replanter son vignoble en 1995 parce que les porte-greffes n’allaient pas, on voit le résultat. Bettane reconnaît mouton et lui tresse des lauriers. Burtschy parle de l’importance de l’aération et comment les vins en ont profité en deux heures. Bourguignon explique les qualités du vin n°18, l’ampleur de son nez, il pense que c’est lascombes, c’est lascombes. Trop fort. Michel dit les qualités de la viticulture à Lascombes. Alain Raynault, qui a fait les assemblages à Lascombes, ne l’a pas reconnu. C’est aussi ça, le Grand jury. L’humilité des dégustateurs, leur simplicité devant la difficulté et l’erreur. Jacques Perrin (de Genève), Enzo Vizzari (de Milan) et Michel Bettane disent des choses contradictoires sur léoville-barton. Il est temps de conclure. Et de passer à table. L’huissier et Bernard Burtschy (agrégé de statistiques) restent dans la salle pour comptabiliser les résultats de la dégustation. Il faudra patienter encore un bon quart d’heure avant d’avoir le classement issu de cet exercice. François Mauss meuble en expliquant à la petite bande que c’est Château Lascombes qui a commandité cette réunion. Ce margaux appartient au fond Colony Capital (comme le PSG). Bon, pour faire vite, c’est lascombes qui est classé premier. On voit se froncer quelques sourcils, on entend même quelques ricanements, ce qui agace fort le président Mauss qui intime l’ordre à l’huissier d’expliquer le déroulement des choses telles qu’elles sont consignées dans son rapport. Où l’on apprend que c’est l’huissier qui a acheté les dix-neuf vins dans le commerce en deux exemplaires chacun, bonjour le budget, les a stockés, les a apportés lui-même chez Laurent le matin, ne les a pas lâchés des yeux, a assisté aux carafages, à la dégustation, n’a pas comptabilisé les notes d’Alain Raynault puisqu’il a travaillé pour Lascombes, enfin bref, il se porte garant du bon déroulé des opérations. Aucune raison de douter, si un propriétaire pouvait acheter le Grand jury, celui-ci n’aurait aucune valeur et personne n’en voudrait. Facile à comprendre de quel côté de l’intégrité se place le Grand jury, c’est une question de survie.
Le podium de cette dégustation est donc, dans l’ordre, lascombes, léoville-poyferré, mouton-rothschild. Au pied du podium, cos-d’estournel et, en dernières positions, pichon-comtesse et léoville-las-cases. Ce qui remet les pendules à leur place, comme dirait Johnny H. Bigre, comme dirait l’autre, il y a donc bien des différences de prix qui ne sont pas justifiées. CQFD.

Les résultats complets seront publiés dans quelques jours (ou heures) sur le site du Grand jury européen : www.davosduvin.com

Membres permanents du GJE présents à cette dégustation : Philippe Bourguignon (Le Laurent), Serge Dubs (Meilleur sommelier du monde), Olivier Poussier (Meilleur sommelier du monde), Enzo Vizzari (éditeur italien), Abi Dhur (vigneron luxembourgeois), Laurent Vialette (expert en vieux millésimes), René Millet (grand amateur), Michel Bettane (Grand guide des vins de France Bettane & Desseauve), Bernard Burtschy (statisticien, journaliste au Figaro), Christian Roger (banquier en Italie), Marie Ahm (Danoise, journaliste et agent), Caroline Notin (cadre), Jacques Perrin (caviste en Suisse, écrivain, journaliste, etc.), Alain Raynault (vigneron, membre invité).


La photo : une table de dégustateur du GJE, photographiée par Armand Borlant

vendredi 7 janvier 2011

Michel Onfray, Jean-Paul Kauffmann, le vin, les mots


Mon cher ami Jean-Luc Barde, photographe de talent et plus, a réuni Michel Onfray et Jean-Paul Kauffmann, à Bordeaux. Il a provoqué une conversation passionnante autour du sujet qui nous tient à cœur, le vin, bien sûr. En voici un extrait, les vingt premières lignes. La suite est dans TAST, le magazine en ligne de Bettane & Desseauve, il vient de sortir.

Jean-Luc Barde
: Le langage du vin a-t-il évolué depuis l’arrivée de l’œnologie dans les années 80 ?
Michel Onfray : Quand on augmente le vocabulaire de la gynécologie, on ne gagne pas en précision pour parler d’amour. Aujourd’hui pour parler du vin comme du reste, on assiste à un appauvrissement de la langue, comme une sorte de populisme généralisé : 500 mots suffisent pour s’adresser à quelqu’un. Par ailleurs, le vocabulaire spécialisé du vin est assez effrayant. Je défends l’usage du vocabulaire spécialisé, mais pas son abus. On dit plus, voire mieux avec des mots qui pourraient être imprécis. Par exemple, associer un vin à un musicien : si c’était Beethoven, quel registre, sonate ou symphonie ?
Jean-Paul Kauffmann : Il y a dix ans, il y avait 300 mots pour évoquer le vin. Une universitaire en a recensé 800 dans un récent ouvrage. Nous n’avons pas gagné pour autant en précision, ce surenchérissement éloigne beaucoup de gens du vin. Une telle profusion rend la chose plus vague. Il a suffi de 1500 mots à Racine pour exprimer la complexité de l’âme humaine.
JLB : En devenant un objet de science, le vin a-t-il perdu son âme ?
MO : Je pense qu’on est dans un moment de bascule, vers une uniformisation du goût, une sorte de pensée unique, comme en politique, où on n’aurait qu’une seule langue, un seul vin de Bourgogne ou de Bordeaux. Parker n’est pas étranger à ce phénomène. Pour lui plaire, il fallait formater le vin pour obtenir la bonne note indispensable aux exigences du marché. Je suis un amateur au sens étymologique du terme, pas un spécialiste du vin, mais j’ai vu des gens qui ont commencé à faire des vins d’auteurs, sans souci de la note de Parker, des vins qui leur ressemblent, pour jouer avec l’expression de Malaparte à propos de sa maison. Dagueneau disait : « j’ai un territoire, j’ai des cépages, je joue avec les assemblages, je produis ça qui ne ressemble peut-être pas à ce que le syndicat de la production viticole nomme sancerre ou pouilly, mais moi je propose ce vin ». Avec ce raisonnement, on repart vers des vins plus subjectifs, en résistance à la mondialisation. Ces vignerons font un portrait de leur région, de leur tempérament, de leur caractère, ça m’intéresse nettement plus.
JPK : Je suis d’accord avec ce que dit Michel à propos de la standardisation du goût et je vois que les vignerons élaborent des vins dans ce sens-là. Les gens refusent deux choses qui, à mon avis, sont fondamentales pour le vin : l’acidité et l’amertume. Leur préférence va vers des vins doux, suaves, vers le sucré, la rondeur, qui est une forme d’infantilisation. C’est vrai que, naturellement, le bébé n’aime pas l’amertume. Mais je crois beaucoup en ces vins d’auteurs. Ils serviront un jour de modèle. Sans être élitiste, comme dit Gide, « le monde ne sera sauvé que par quelques-uns ».

La suite, plus de 20 pages (!) d'intelligence pure, si rare en ces temps de légèreté, est dans le n° 67 de TAST, le magazine en ligne de Bettane & Desseauve. Pour s’abonner, appeler Béatrice au 01 48 01 90 14 ou par mail bb@bettanedesseauve.com ou via le site dont voici le lien : http://www.bettanedesseauve.com/tast/tast.php
Les photos : Jean-Paul Kauffmann et Michel Onfray, photographiés par Jean-Luc Barde
L'intégrale de cette conversation est publiée ici

mardi 4 janvier 2011

Chidaine - sur - Loire


Il est tôt sur le coteau en pente pas très douce vers le fleuve mince. C’est l’époque de l’année où la Loire serpente entre les bancs de sable, c’est le temps des vendanges. Il fait froid, très, dans un ciel bleu dur. La petite bande de filles et de garçons qui assure la récolte a le nez rouge et les doigts gourds, ils sont là depuis le lever du soleil et le mercure doit culminer à 1°C. Bien sûr, personne ne soupire, ne renâcle, ne fait le grognon. On perçoit nettement une espèce de passion vibrer entre les rangs de vigne, les regards concentrés, les gestes précis, l’attention portée. Certains prennent des vacances pour ça, ils trouvent qu’ils ont de la chance, qu’ils en sont, une petite troupe de rebelles avec une cause, ils travaillent avec François Chidaine. Un type attachant, doux, bienveillant avec chacun. Il a commencé à travailler à la vigne avec son père
à 16 ans, puis à son compte dès 23. Aujourd’hui, à 45, c’est une idole des vins de Loire et un garçon charmant qui s’entend bien avec ses confrères, le plus souvent. Ce qui explique sans doute pourquoi il est le président de l’appellation depuis dix ans. Même Noël Pinguet (Huet, à Vouvray), aux yeux de qui peu de monde trouve grâce, le juge « sérieux ». Quasiment un compliment.
François Chidaine exploite 35 hectares en montlouis et dix en vouvray, sur la rive d’en face, tout ça en biodynamie depuis dix ans. En tout, il produit dix-huit cuvées, mais pas tout, tous les ans, ça dépend des millésimes. Il a ouvert une jolie boutique au bord de la Loire, la Cave insolite. Bien sûr, on y vend des vins de Loire, et pas seulement les siens, mais on a aussi le plaisir de retrouver quelques-unes des productions de gens qu’il aime. Trévallon, les crozes de Graillot, le domaine Hauvette, des choses de ce calibre.
Même s’il est dans le bon wagon (ses vins se vendent très bien aux USA et dans le Nord-Europe), il défend bec et ongles son appellation de Montlouis-sur-Loire et ses paysages qu’il adore, qui sont sa vie depuis le début. Il regrette l’absence d’un hôtel haut-de-gamme ou deux et d’un restaurant étoilé qui feraient du bien à la notoriété de l’endroit et lui donneraient une chance de plus dans le contexte nouveau de l’œno-tourisme.
Pour lui, le vrai problème, c’est l’expansion urbanistique à caractère pavillonnaire qui commence à miter gravement le décor. Il parle sans colère, mais sans faiblesse, il s’exprime doucement, mais il dit tout. « On est en train de devenir la banlieue de Tours et même de Paris. Pendant la journée, les villages sont déserts. Si l’appellation n’émerge pas, on est morts ». Un problème qu’on retrouve à Bordeaux, en Beaujolais, à Nice dans les vignes de Bellet, ailleurs encore, une histoire de prix du foncier. La vigne ne résiste que si le vin est connu et l’hectare trop cher pour y construire des dortoirs.

La photo : François Chidaine photographié dans ses vignes par Mathieu Garçon. Mon commentaire sur le clos-habert 08 de François Chidaine dans le post intitulé "Bu ces jours de douceur atlantique"

dimanche 2 janvier 2011

Et de 11


Le XXIIe siècle approche à grands pas, les amis, plus que 89 années. D’ici là, comme dit une amie que j’ai et qui parle un français un tout petit peu désuet, je vous souhaite une belle année pleine de vins formidables, longs et émouvants. A propos de longueur, ce n’est pas parce que je publie cette photo d’une vieille enseigne des Vins Nicolas qu’il faut absolument y aller, ils ne vendent quasiment pas de sauternes. Quelques jours avant Noël, j’étais dans celui de la rue des Martyrs et le pauvre choix rassemblait une bouteille (et pas deux) de rieussec et un misérable stock de quelques haut-bergeron. Moi, à part Legrand (neuf étiquettes) et Lavinia (huit), je vois pas.

La photo : ramassée sur le site du Fooding, c'est un élément de la déco du Casse-Noix, charmant petit resto parisien.

Bu ces jours de douceur atlantique


Château-bellerive, quarts-de-chaume 05. Un liquoreux de Loire, un moelleux, sans excès de liqueur, l’acidité qui va bien pour accompagner du saumon fumé, très bon choix (voir plus bas, on a fait mieux), dit-il en se disant que ce vin aurait gagné à vieillir quelques années de plus, il présentait comme un léger voile aromatique, comme une retenue en écran des plaisirs. Un joli moment quand même, hélas suivi d’une théorie de médiocres médocs récents sans grâce ni talent qui vous laisse l’estomac tordu, désolé et prêt à des extrémités (jurer que je ne boirai plus jamais de vin médiocre, par exemple).
Château-du-bousquet, côtes-de-bourg 08. Ce très modeste bordeaux, propriété du groupe Castel, nous avait lassé ces années-ci, nous l’avions abandonné et voilà qu’une bouteille bue au hasard nous réconcilie. Sans désagrément à l’ouverture, il s’est révélé quelques heures plus tard, dans les fruits noirs et l’amabilité. Du coup, autour de cinq euros, il prend des points au concours perpétuel du meilleur rapport qualité-prix.
Clos-rené, pomerol 99. Celui-là, c’est pas la vedette de Pomerol, mais j’ai toujours eu une petite faiblesse pour sa rusticité, on peut pas boire la-conseillante tous les jours. Pourtant, dans ma cave depuis 2001, et après des années sans grâce, voilà qu’il s’épanouit gentiment et devient un bon compagnon de table. Welcome, dear.
Clos-habert, montlouis 08, François Chidaine. Ce blanc est qualifié de « sec-tendre » par ce caviste d’Auray (Morbihan) qui s’appelle, je crois, Les crus des vignerons ou quelque chose comme ça. Au passage, un mot sur cet excellent pro qui a une vaste gamme de jolies choses à tous les étages de l’argent. Alors que je m’apprêtais à acheter trois bouteilles de château-des-tours 03, le vacqueyras remarquable d’Emmanuel Reynaud (Rayas), il m’a redirigé aussitôt vers le même dans un autre millésime (01), plus ancien et moins cher, me disant que je ne serai pas heureux avec le 03, il est cuit, alors que le 01 est au mieux. Super, merci. Ce genre de caviste est assez rare pour être signalé. Ami du sud du Morbihan, tu sais où aller, si tu ne le savais pas déjà. Bon, ce montlouis. L’histoire a commencé sur le blog de Miss Glou-glou (http://missglouglou.blog.lemonde.fr/) avec une empoignade sur le délicat sujet de l’accord saumon – vin. Chacun y allant de son alsace, le plus souvent. Moi, j’ai plutôt voté pour un vouvray demi-sec et comme il n’y en avait pas chez ce caviste, nous nous sommes dirigés, lui et moi, vers un montlouis pour accompagner du saumon fumé. Un grand succès, mieux, un triomphe. Même le saumon fumé battait des mains. Ce vin d’une extrême finesse et d’un équilibre acidité – sucre rare, c’est vraiment une découverte pour tout le monde et un meilleur accord que le quarts-de-chaume cité plus haut. C’est l’avantage des terroirs très bien travaillés et des vinifications magiques, ce que fait Chidaine. En plus, ce vin pointu, subtil et précis fit l’unanimité sur le chapon qui suivait. Et le vacqueyras, on l’a goûté pour voir sur un saint-nectaire, il était à sa place, en fin de vie, manquant d’un peu de fraîcheur, mais son costume de joli rhône était bien coupé, encore du fruit sous l’oxydation.
Champagne Jacquesson n° 734. Un brut très peu dosé (3,5 g/l), assemblage à majorité de chardonnay, nous l’avons tous adoré dans ces arômes d’agrumes et sa très grande finesse. Il a conclu le dîner à la perfection. Le champagne après le dîner, à la place d’un cognac (ou après si le cognac est irrésistible), on ne le fait presque jamais, on a tort. L’effervescence, la fraîcheur, la température de service, tout est là pour se refaire une bouche avenante, c’est idiot de ne pas.
Le lendemain, il y eut une bouteille de champagne pour accompagner des huîtres, ce nouveau produit rare. Philipponnat cuvée 1522, millésimé 02. Aussi peu dosé que le précédent, à 4 g/l, c’est un brut puissant, tonique et équilibré où le pinot noir domine. Il ne s’en est pas laissé compter par les huîtres, furieusement fraîches. La suivante est un Billecart-Salmon extra-brut. Un vin éclatant et pur, j’adore y ajouter trois gouttes de campari, le non-dosé est parfait dans l’amer, l’apéritif bitter des jours chauds, on s’y croirait, nous n’y étions pas. Ce champagne-là joue le podium dans la cour des grands sans sucre ajouté.