Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



samedi 16 mars 2013

Pendant que j'y pense (6)


Semaine exquise dans un Paris désert et neigeux, c'est les vacances, plus personne, tout s'est arrêté. Sauf…




1 Déjeuner dans mon resto italien préféré, si chiama Divimanente italiano, rue Notre-Dame des Victoires à Paris, à côté de la Bourse. Cette bouteille de pinot noir 2006 du Castello di Neive dans les Langhe a besoin d’un peu d’aération, mais se révèle vite un très joli pinot. Encore un de ces petits miracles italiens qui nous enchantent absolument et souvent.
Au passage, ce restaurant a une carte des vins changeante et passionnante où même les plus beaux barolos (millésimes 2000 et 03) ne sont pas hors de prix.




2 Même endroit, belle compagnie, autre vin. Un ampeleia 2004, un vin de Maremme, le sud de la Toscane maritime. Ce vin est fait par Elisabetta Foradori, plus connue pour l’instant avec ses vins du Haut-Adige, tout au nord de l'Italie. Encore jeune, il commence pourtant à dire quelques mots et ce qu’il dit nous a ému. Convenons qu’on n'attend pas toujours ce genre de chose d’un vin au restaurant, prix normal. Celui-là, j’avais presque l’impression qu’il sortait de ma cave.
Composé pour moitié de cabernet-franc assemblé à du sangiovese et à cinq autres cépages italiens, c’est un festival d’arômes d’une rare pureté sans le côté sur-mûri qui peut agacer, un vin soyeux qui met un temps fou à nous oublier, c’est adorable.




3 Un inconnu est parfois amusant. Celui-là vient des vignes qui entourent le château de Grollet, propriété de la famille Hériard-Dubreuil (cognacs Rémy Martin). C’est un vin de pays des Charentes, cultivé, élevé et mis en marché dans une discrétion absolue. À se demander si ce n’est pas pour éviter de porter une ombre néfaste à la belle marque d'eaux-de-vie.
J'avais goûté ce Grollet sur place, dans son jeune âge et je n’avais pas été très impressionné. Et paf, voici que resurgit ce 2003, cuvée In fine. Je l’ouvre sans trop y croire et en m’étant assuré que j’avais autre chose sous la main au cas où. Et non, ce grollet 03 est parfait dans le rôle. On n’est pas dans les altitudes, ce n’est pas toujours obligé. Un assemblage merlot et cabernet-sauvignon vachement agréable, de très belle tenue, fait pour un dîner simple, ces vacances de l’esprit.
J’ai encore quelques quilles du même en 2005, c’est une bonne nouvelle.




4 La Revue du vin de France a publié un classement. Sur les réseaux, silence de plomb. Juste retour d’ascenseur, ce classement ignorant parfaitement la réalité internet du vin 2013. Cette équipe qui annonce avoir travaillé des mois sur ces 200 noms n’a retenu qu’une chose d’internet : les sites marchands. L’excellent iDealWine, spécialisé dans les ventes aux enchères et l’épouvantable 1855.com, spécialisé dans les délais de livraison. Sûrement pour faire valoir l'insécurité d’internet ou quelque chose du même acabit.
La blague est-elle bonne ? Pas sûr. Ce mépris affiché dénonce une certaine sclérose. Sottise d’occulter l’existence de blogs historiques très suivis et d’autres, qui sortent de l’œuf avec un talent fou. Il y a des parti-pris, il y a de l’opinion et il y a de l’humeur. Les meilleurs forums, LPV au moins, rassemblent quotidiennement des milliers de lecteurs, amateurs passionnés. Et tout ça, blogs, forums, sites, c’est moderne et ça swingue, c’est riche et ça réfléchit, ça fourmille et ça avance.
Bon, la RVF ne voit pas ça comme ça, c'est dommage.
Plus ennuyeux, presque insultant, est la mise en avant, première place du classement, d’un monsieur certainement estimable et sans doute passionné dont le métier est de distribuer des subventions, 300 millions est-il précisé dans le titre. Deuxième : un commissaire européen. On se croirait dans le cinéma. Il suffit pourtant d’ouvrir les yeux un peu pour s’apercevoir que le vignoble français est un monde d’entrepreneurs, pas d’assistés. Chacun avec ses convictions et ses compétences (et chacun les siennes, à la française), ils mènent leurs entreprises en jouant au plus fin avec le ciel et les saisons, l’épuisante administration, la banque, la com’ et les mystères de la fermentation. L’argent qui leur est distribué, quand il l’est, est un règlement appliqué. Pas de quoi convoquer la cour et la campagne. Sans ergoter plus que ça, on a besoin
de quoi ? D’un distributeur de billets ou d’un Pierre Castel ? D’argent public ou de Richaud, Bizeul, Taittinger, Magrez et les autres ? L’excellence est au coin du rang et/ou dans l’Airbus pour Shanghaï, pas au guichet. Pour le reste, et sans entrer dans les arcanes de la méthodologie de ce classement, certainement compliquée, on y trouve des choses étranges. Angelina Jolie, mieux classée qu’Alexandre de Lur-Saluces ? Ridicule et injustifiable. Il y en a d’autres, à vous de choisir ce qui vous semble le plus embarrassant.




5 Lu sur le site du Wine Spectator, une charge très « nouveau monde » contre les usages français en matière d’étiquetage des bouteilles. L’auteur reproche à peu près tout aux vignerons français, surtout le manque d’infos sur les contre-étiquettes et les bouchons liège. Je ne veux pas entrer dans ce débat parfaitement vain.
En revanche, il attaque son article sur le thème « les consommateurs doivent apprendre votre jargon ». Oui, et alors ? Le vin a une orthographe et une grammaire, un lexique aussi. Comme toutes les activités humaines. Comme l’automobile ou l’horlogerie. Quand t’arrives chez le garagiste, tu lui dis pas seulement « ça marche pas », non, tu l’aides un peu. Très vite, tu sais reconnaître une bougie d’une ampoule, oui ? Et quand tu paies la « petite note », tu fais autant la gueule qu’en passant à la caisse chez ton caviste. Alors, apprends à parler le vin. Il y a un minimum requis. Cette envie furieuse de tout simplifier n’est jamais une bonne idée, jamais au service de ceux qui travaillent bien, qui se distinguent, elle sert les intérêts de l’industrie, de la grande diffusion. Simplifier est un assassinat avec préméditation, il y a un mobile, on sait à qui profite le crime. Ou sinon, les vins de cépages à deux cinquante sont pour toi.
L’auteur de ce pamphlet s’appelle Matt Kramer. Ça fait rêver, on a envie de lui serrer la main, on met ses Ray-Ban, on va décoller. Mais un nom pareil dans une revue de vins, c'est gâché. Il faut les lettres d’or tout en haut de l’affiche d’un blockbuster hollywoodien avec une belle dans le rôle d’elle.
Matt Kramer devrait être une star de cinéma, en fait.

Le post complet de Matt (vous permettez que je vous appelle Matt ?), ici
Plus sur le restaurant Divinamente italiano, dont le téléphone, ici

24 commentaires:

  1. Castello di Neive : le - rare - pinot noir est pas si mal, comme chez Vajra, mais il faut surtout goûter leurs grands Barbaresco !

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  2. Si tu en vois, saute sur les derniers millésimes...

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  3. Non je n'en vends pas, mais j'en goûte et j'en bois ! Terroirs top niveau, Gallina et surtout Santo Stefano (comme Bruno Giacosa).

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  4. "Matt Kramer devrait être une star de cinéma, en fait"

    On pourrait même imaginer un film où il se fâche avec son frère, Bruno. Et ça s'appellerait Kramer contre Kramer ;-)

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  5. http://www.divinamenteitaliano.com/media/cms_page_media/15/2012-10-10%20Carta%20dei%20vini_2.pdf

    page 7. Peut-être une rupture provisoire ?

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    1. Je n'avais pas vu. Faut que j'arrête les filles au resto, moi. ;-(

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  6. L'un n'empêche pas les autres, et les deux en même temps, c'est encore mieux !

    Pour te rattraper, et te recentrer sur ton sujet, tu goûteras aussi les Valtellina de Nino Negri... encore du nebbiolo, mais pas le même que celui des Langhe et climat/terroir très différent... puis les rouges de Tenuta di Fessina en Sicile... mais de fait, beaucoup de bonnes choses sur cette carte... Cannonau de Gabbas en Sardaigne, les blanc d'Angiolino Maule, etc, etc... non franchement, ça mérite d'y retourner... y'a plus qu'à bien "choisir" ta cavalière...

    :-)

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  7. L'Italie, on l'aime et on la boit. Ce soir un Barolo 2008 de Comm. GB Burlotto. Un tel raffinement sur l'appellation reine, à 20 € la bt, prix domaine. Ah si tous les Gevrey villages étaient bons comme ça, et à ce prix là !...

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  8. Cent pour cent d'accord (une fois n'est pas de coutume...) sur le ridicule du numéro des 200 de la RVF et la stupidité du bon Matt. Quant au resto italiano, je le note dans mes tablettes !

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  9. Il y a de beaux vins liquoreux : Hauner, San Giusto a Rentennano (le santo 1999 est sublime).
    Et même un chinato.

    Je trouve que l'on ne parle pas assez souvent des desserts (et des vins qui vont avec).

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  10. Purée : voilà des pointures qui cumulent sur ton blog ! Même le beau ténébreux qui cause ! Ce sacré Kramer : pourtant un réel amoureux de la Bourgogne. Je me suis sacrément frotté à lui il y a des années, quand il a bassement attaqué les principes du GJE avec de très mauvais arguments et sur un ton condescendant totalement inutile. Bien trop donneur de leçons à l'américaine, cad furieusement limité en arguments de haute volée.
    Pour la RVF, le but ne doit pas être un "purisme" vineux, mais ils veulent sans doute préparer les césars du vin… mais on va les battre :-) On fera cela avant eux ! O tempora mores !
    Un gentil vigneron m'a dit que j'y suis : la question n'est pas là ! Si j'ai baissé en rang, j'attaque en justice, non mais !!!

    Italie : nana nanère : j'y suis et j'y bois !
    Bonsoir aux gamins !

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    1. Oui, tu y es. Michel et Thierry aussi. C'est pas le sujet, en fait ;-)
      Et le principe des Césars, c'est une organisation indépendante qui fait voter une profession toute entière. Pas la RVF, quoi. Le GJE, oui, c'est possible.
      Moi aussi, ce soir, je bois italien. Brunello 98 de Poggio al vento, Val d'Orcia.

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  11. Nicolas,

    Prêt à boire du sangiovese produit en rive droite ?

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    1. Laurent, tu peux allumer la lumière ? J'y vois rien, là

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  12. Nicolas,

    Si je ne m'abuse, Poggio al Vento est un pur merlot ...
    (jamais goûté de sangiovese poussé sur les rives de la garonne).

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    1. Je ne l'ai pas ouverte, finalement. Et, si je l'avais fait, je ne suis pas sûr de reconnaître le merlot à la volée.

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  13. J'ai pour ma part récemment situé le Brunello Poggio di Sotto 1997 en rive droite :-)

    Merci pour l'adresse de ce restaurant italien, en tout cas.

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  14. Merci, Nicolas ...
    Vous êtes charitable !
    :-)

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