Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



dimanche 7 septembre 2014

Philipponnat, Lalique, Bettane+Desseauve, Haut-Bailly, le feu d'artice de la rentrée

Déjà, il y avait eu ce feu d’artifice de la fin août venu ponctuer et conclure un concert donné dans la baie de Talloires par un pianiste et un chœur d’hommes. Nous y avons assisté de la terrasse du Chalet Christine (petit hôtel de bon luxe et table de réputation) qui domine la baie et le petit lac, sans doute le plus beau panorama du lac d’Annecy. L’émerveillement devant une pyrotechnie monochrome, la couleur était le doré, c’était sublime et furieusement chic, mais à Talloires, c’est normal.

Le retour aux affaires, deux jours après, n’a pas déçu.
Commencer la saison par un dîner au Laurent, c’est la meilleure façon de trouver de l’intérêt à un retour de vacances. C’est Charles Philipponnat qui recevait pour ses champagnes. Dîner très studieux, il y avait beaucoup à découvrir.
(Flash-back) Je me souviens de mon premier déjeuner de presse-vin, il y a quelques années. C’était avec Philipponnat et le même Charles et c’était le lendemain de mon premier dîner de presse, un grand barnum chez Ledoyen, cent personnes à table reçues par l’association des classés de Saint-Julien. Nouveau venu, je ne savais rien des usages et je m’étonnais de ces journalistes spécialisés qui ne goûtaient qu’à peine les très grands vins qu’on nous servait. Onze crus classés, onze verres, j’ai tout bu, champagne de l’apéritif, yquem de fin de dîner et cognac de clôture compris. L’équivalent de deux bouteilles, quoi, tout seul moi (reconnaissance éternelle au chauffeur du taxi qui m’a livré chez moi). Bref, le lendemain, Charles organisait son premier déjeuner de presse et les quelques vingt journalistes invités avaient tous assisté au dîner, la veille. Les conversations flambaient sur les mérites des saint-julien, sur les accords de Le Squer, alors cuisinier en chef de Ledoyen. Il y avait les pour et les contre, on s’empoignait presque, on s’opposait avec vigueur sur ce sujet fondamental dans une vie d’homme. Charles n’en croyait pas ses yeux et il a dépensé beaucoup d’énergie à recentrer les débats sur ses vins, l’attachée de presse était verte. J’avais trouvé le moment un peu difficile et pas seulement à cause de mes excès de la soirée. J’ai fini par comprendre que c’était tout le temps comme ça, un déj de presse, puis les choses ont beaucoup changé en cinq ou six ans.



Donc, nous voilà par un très beau soir de septembre sous le dais de la grande terrasse à l’étage du Laurent. Où nous avons découvert une rafale de nouveautés. De nouveaux millésimes, de nouveaux habillages et, surtout, de nouveaux vins. En Champagne, un nouveau vin, c’est comme une nouvelle voiture à Sochaux, des années de travail. Et voilà Charles qui transforme les projets et présente ses nouveaux philipponnats. Un blanc de noirs 2008 époustouflant, on s’accordera sur le mot « perfection » prononcé d’abord par Bettane (quel influenceur). Charles dit, lui : « 2008, c’est un 1996 qui a réussi », l’acidité exagérée en moins. Puis deux cuvées ultra-parcellaires, pour 2 000 bouteilles chacune, c’est confidentiel, Le Léon et Mareuil-sur-Aÿ, même millésime 2006. Deux expressions des terroirs concernés, des vins jeunes et très miellés, à forte proportion de grands pinots noirs, dosés à 4,5 grammes de sucre par litre. Des vins de grands amateurs en vente uniquement chez Philipponnat. Une soirée finie avec un clos-des-goisses 2005 au moment où les premiers rayons de la demi-lune montante arrivait sur la terrasse du Laurent. Il y a du talent dans ce champagne. Bravo, Charles et pardon pour le déjeuner de presse de l’autre fois.



Le lendemain, déjeuner de tapas chez Gagnaire à l’invitation de Silvio Denz pour la collection 100 points de Lalique. Il s’est associé avec Ferragamo pour faire un coffret cuir de grand luxe, c’est un bel objet, super. Mais le clou du spectacle était les vins choisis pour ce rendez-vous de rentrée. Puisqu’il s’agit de 100 points, les voilà. Mouton 09 et 10, lafite, margaux et haut-brion 05, latour 00, le tout introduit par dom-pérignon P2 96. Bref, le genre de diagonale entre ici et le ciel qu’on ne croise pas tout le temps. Que dire ? Oui, on sent bien les vibrations du très grand vin, mais vraiment ils n’y sont pas encore. Même le latour 2000 était encore adolescent. Peut-être que le margaux 05 tirait un peu mieux la couverture à lui, une délicatesse inattendue à ce stade.

Le soir même, encore un feu d’artifice, le lancement du nouveau guide des vins Bettane+Desseauve devant une foule compacte qui a pu déguster tous les vins primés par cette édition et écouter chacun de ceux qui ont été récompensés par les best-of du guide. Comme chaque année, on s’est dit qu’il y avait trop de monde, que la Galerie Vivienne de Legrand était trop petite et, comme chaque année, on a décidé de n’y rien changer.



Le lendemain, autre apothéose, Haut-Bailly au Laurent pour déjeuner. Une semaine où je vais deux fois au Laurent est une bonne semaine. Robert Wilmers, le banquier américain propriétaire de Haut-Bailly et Véronique Sanders, petite-fille de l’ancien propriétaire, qui le dirige avait organisé une verticale de quinze millésimes consécutifs. C’est une conversation avec Hervé Bizeul, ce matin, qui m’a fait soudain réaliser l’importance de la notion de « consécutifs », c’est évident. Avec ces haut-bailly, le niveau est splendide, la régularité aussi. Ce qui n’empêche pas, bien sûr, d’avoir des préférences. Mon podium : 86, 98 et 01. Le plus impressionnant reste la montée en puissance du cru sous un vrai effet d'origine, Haut-Bailly était l’égal des plus grands au XIXe siècle, on distingue bien l’ambition.

La semaine prochaine commence avec les vins italiens de Jean-Emmanuel Simond et finit chez Krug.

2 commentaires:

  1. Juste une remarque rien qu'en vous lisant vous n'avez pas l'air de vous ennuyer.
    Je ne peut vous dire que oenologiquement votre

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  2. Que boire en septembre? :) vivement novembre alors....

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