dimanche 10 janvier 2016

Anabelle et Corbin, les hortensias et les vins





Anabelle Cruse est l’une des rares propriétaires de grand cru classé à vivre toute l’année dans son château avec ses trois enfants et son mari, tout en étant l’œnologue responsable des vins que son château produit. Ce choix, elle l’a fait il y a longtemps. Elle trouve que « C’est dommage, ces campagnes qui se vident alors que les villes deviennent folles ». Et ce n’est pas l’agitation de Saint-Émilion et les humeurs liées au classement qui risquent de la concerner, son Château Corbin qu’elle aime tant « est classé depuis toujours ».
Mais tout n’a pas été linéaire. « Après mes études d’œnologie, puis de gestion, j’ai passé deux ans en stage au château Branaire à Saint-Julien. C’est là que j’ai tout appris. Une envie de rompre avec mon quotidien bordelais m’a emmenée me promener jusqu’en Inde, à Calcutta, où j’ai passé six mois à travailler aux côtés de Mère Teresa. J’adore ce genre de modèles, on en manque
aujourd’hui. »
Comme nombre de ses pairs, reprendre le château était une priorité quasiment vitale même s’il fallait remettre de l’ordre dans tous les compartiments du jeu, ce qu’elle a entrepris avec méthode, rigueur et passion. D’un mot, elle vous fait tout comprendre, « Mes enfants et Corbin, c’est primordial », tout est dit. Pendant que les enfants sont à l’école, pas loin de Saint-Émilion, Corbin avance. Déjà, 35 % du vignoble a été replanté, le bâti a connu une longue période de travaux, près de quinze ans. Reste maintenant à moderniser l’outil, reconsidérer le chai au plus près du parcellaire de Corbin, c’est-à-dire passer de treize à vingt cuves, plus petites. Là, le défi est technique et assez ambitieux, puisque l’objectif est de tirer ce qu’elle appelle « la quintessence du terroir de Corbin ». Elle y arrivera parce qu’elle est comme ça, n’imagine pas le contraire, elle a le temps, aussi. Et du talent assemblé à des convictions, bien assez pour porter son très joli saint-émilion au plus près des étoiles.




La photo : iPhone and me     #womendowine

Cet article a été publié sous une forme différente
dans le supplément Vin de Paris-Match, début septembre 2015.

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