Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



jeudi 27 juillet 2017

Mes magnums (44)
Un champagne début de siècle

Champagne Lanson Gold Label, brut 2004 



Ce qu’il fait là
J’adore la belle histoire qui s’écrit tranquillement chez Lanson, le côté revenu d’ailleurs et, même, de loin, l’excellence en étendard, l’innovation au coin de tous les couloirs de l’entreprise. Tout ça au bénéfice d’une marque légendaire.

Pourquoi on l’aime
C’est le dernier millésime sorti par la maison, ce qui montre le soin et le temps consacrés à l’élevage chez Lanson aujourd’hui.

Combien et combien
Quantité produite tenue secrète.
80 euros le magnum.

Avec qui, avec quoi
Avec des nostalgiques d’une époque où les grandes marques tenaient le haut du pavé.
Avec des fanatiques de ces retours en grâce fantastiques qui font un bel écho à l’intelligence des hommes.

Il ressemble à quoi
À un grand lanson d’avant, de ceux qui n’ont
« pas fait leur malo » comme disent les chefs
de caves. Comprendre que c’est un champagne plus vif, plus tonique, qu’on a intérêt à garder un peu plus que d’autres.

La bonne heure du bonheur
Apéritif, bien sûr, mais il peut se mesurer à une gastronomie goûteuse.

Le hashtag
#lansonàfond

Le bug
Il n’y a plus de bug chez Lanson.

Ce qu’en dit le Bettane+Desseauve
Robe dorée, nez harmonieux aux accents miellés et floraux, bouche ample et onctueuse, généreusement construite. 17/20

Ce texte a été publié sous une forme différente dans ENMAGNUM n° 7. Le numéro 8 est en vente depuis peu chez votre marchand de journaux. Voici la couverture de ce nouveau En Magnum #08 :

 

lundi 24 juillet 2017

Mes magnums (43)
Un cru classé de Margaux en bio

Château Durfort-Vivens, grand cru classé de Margaux 2013 



Ce qu’il fait là
L’étiquette est incroyablement belle et Gonzague Lurton, heureux propriétaire de ce joyau margalais, a eu le bon goût d’en conserver tout le caractère et la poésie. En plus, Michel Bettane dit volontiers les louanges de ce domaine en plein renouveau qualitatif.

Pourquoi on l’aime
Pour le cabernet-sauvignon, largement majoritaire et qui roule sous la langue. Pour la viticulture très engagée : 2013 est le premier millésime de la conversion totale en biodynamie. Si quelques-uns, comme lui, ont pris la suite de Pontet-Canet dans cette noble pratique, ils sont encore peu nombreux parmi les châteaux bordelais.

Combien et combien
Nombre de magnums non communiqué. On le trouve encore à La maison Souleau à Bordeaux et à La Vinothèque en vente en ligne. 70 à 80 euros le magnum

Avec qui, avec quoi
Avec des amateurs raffinés qui auront le bon goût de reconnaître le supplément d’âme de ce vin et la beauté de l’étiquette. Si c’est le cas, la soirée est sauvée.

Il ressemble à quoi
À une manifestation new-age, à une percée de modernité dans un monde de traditions, mais avec les beaux habits de la tradition. Bien vu.

La bonne heure du bonheur
On le boira sans se presser en attendant les 2010 d’un côté et les 2015 de l’autre.

Le hashtag
#mêmeàBordeauxcestpossible

Le bug
Le millésime 2013 n’est pas le grand millésime concentré et puissant, allez plutôt y chercher de la finesse et de la subtilité, c’est un exercice épatant, mais plus exigeant.

Ce qu’en dit le Bettane+Desseauve
Magnifique texture, grande noblesse et sincérité aromatique, longueur étonnante, ne pas manquer. 17,5/20

Ce texte a été publié sous une forme différente dans ENMAGNUM n° 7. Le numéro 8 est en vente depuis peu chez votre marchand de journaux. Voici la couverture de ce nouveau En Magnum #08 :

 

jeudi 20 juillet 2017

Pendant que j’y pense #27

La mort de Domenico Clerico
Le grand producteur du Piémont vient de claquer la porte. Je ne le connaissais pas, j’avais juste bu quelques millésimes de son somptueux barolo à table, au Ciau del Tornavento à Treiso, village perché à peu près au-dessus d’Alba.
Alors, j’ai demandé à Michel Bettane : « Je ne sais pas de quoi il est mort. Il avait tragiquement perdu sa fille il y a quelques années et été bien malade, mais il s'était peu a peu remis. Je l'ai bien connu il y a 15 ans. Il était plein de fantaisie et de talent. Grand ami de Rivetti, noceur, gourmand, il incarnait avec sa tête à la Pasolini le modernisme piémontais. »
D’où mes regrets de ne l’avoir jamais croisé. Il est mort jeune, 67 ans, ça me dérange. Beaucoup de vieux jeunes du vignoble meurent trop tôt. Pourquoi ?

Domenico Clerico, une bonne nature


La pauvre affaire Sibard
Marc Sibard condamné pour harcèlement, ça dit seulement que la justice a décidé qu’il était coupable. Ce caviste étiqueté stupidement « beaux quartiers » quand il est le héraut du vin sans soufre ou naturel ou nature, on ne sait plus comment ça s’appelle à la fin. Il avait repris la cave Augé, boulevard Haussmann, plus tard acquise par Lavinia.
C’est une affaire de pauvre con, de sexisme et de misogynie, ces agressions comme il en existe trop, partout, dans quasi toutes les entreprises, tous les dîners, toutes les réunions de plus de une personne, en lourdingue ou en insidieux, grande gueule ou petit vicieux, c'est pareil, c’est toujours la même mauvaise mayonnaise. Ce qui n’excuse rien, mais voilà.
Un père-la-morale de réseau social, aussi outrancier qu’il est grossier et toujours prompt à pourfendre ceux qui ne s’intéressent pas à lui, c’est dire l’ampleur de son combat, voudrait nous faire croire que c’est bien la preuve des mauvaises manières du mondovino parisien et de ses journalistes affidés, comme si les choses étaient liées. Il explique clairement que la presse pourrie étouffe la sale affaire. Quelle déconne. Moi, je prétends que vin et mauvaises manières n’ont aucun lien et je peux le défendre longtemps. Il faut être bête comme un prohibitionniste pour tenter de nous faire avaler pareille couleuvre. Sibard n’a jamais été mon pote en aucune manière ou celui de mes amis, ses aventures ne me regardent en rien, ne regardent personne du monde du vin. Sauf, bien sûr, ses victimes dont je salue ici le courage. Et celui, déjà, d’avoir mené cinq années de procédure face à une justice bien molle, bien lente, inopérante au point que l’agresseur a été condamné à de la prison, mais avec sursis. Le communiqué de Lavinia est parfait qui nous explique dans un genre sobre que de tels agissements n’ont pas leur place chez eux. Et que fallait-il ajouter pour calmer le vulgus ?
Je trouve que ce bonhomme en forme de pétaudière et qui accuse tout le monde tout le temps de toutes les turpitudes serait bien avisé de cesser ses imprécations et ses injures et devrait méditer la théorie du boomerang. À un moment, Toto, il te revient toujours en pleine poire. Je me suis laissé dire deux, trois trucs te concernant. Ce qui expliquerait un tel déchaînement, bien sûr. Bon, on attend encore un peu ?
(J’ai pas voulu mettre une photo de Sibard. C’est carrément pas Alain Delon jeune, non plus)

La beauté des campagnes
J’ai passé de jolis moments à Mercurey, les yeux écarquillés chez nos amis du château de Chamirey et j’ai réalisé plusieurs choses. D’abord, c’est à quelques minutes d’auto de Puligny-Montrachet, c'est-à-dire de Beaune et ce très court trajet nous a fait changer de planète. Ensuite, si le Grand talus qui porte les beaux climats de Bourgogne, côtes de Beaune et de Nuits, a une portée symbolique qui nous projette dans l’Histoire avec force, il faut reconnaître qu’en termes de beauté des paysages, c’est un peu court. Regarder le Talus, d’accord. Regarder ce qu’il regarde, aucun intérêt. Alors que la côte chalonnaise, c’est sublime, on y voit le Mont-Blanc beaucoup mieux. Faites la toupie, où que le regard porte, l’enchaînement des collines, des combes et des valleuses couvertes de vignes, de bois, de forêts, de calvaires et de belles maisons est un enchantement. Allez-y, buvez-en.
Bientôt, les belles photos de Mathieu Garçon dans En Magnum.



La photo de Domenico Clerico : Clay McLachlan / Aurora Photos

mardi 18 juillet 2017

Mes magnums (42) un grand du siècle

Champagne Laurent-Perrier, cuvée Grand Siècle 

 

Pourquoi lui
Ce Grand Siècle est un champagne singulier. L’assemblage de trois grands millésimes (mais lesquels ?) en fait une sorte de témoin des performances des terroirs des grands crus champenois sur une période donnée.

On l’aime parce que
D’abord, c’est très bon. Chaque millésime est choisi pour ce qu’il apporte de fraîcheur, de finesse, de structure et comme ceux qui font ça travaillent bien, le vin est assez somptueux. Ensuite, la big black bottle claque fort au milieu des beaux verres.
Très réussie.

Combien et combien
Nombre de magnums tirés non communiqué. 246 euros le magnum.

Avec qui, avec quoi
Pas besoin d’être un œnophile averti pour être bouleversé, carrément, par une grande cuvée de Champagne. Les puristes passeront à table avec ce vin, les plus assoiffés d’entre nous ne lui permettront pas de dépasser l’apéritif.

Il ressemble à quoi
À un représentant historique du Top Ten des grands champagnes qui font plaisir aux amateurs.

La bonne heure du bonheur
Ce vin est aussi un parfait champagne de fin de soirée, un vin de méditation,
une quête des mystères du champagne très bien éclairée en même temps qu’un rafraîchissement sans heurt.

Il fait penser à
Charles de Gaulle. La légende familiale enseigne que c’est lui, le général,
qui a suggéré « Grand Siècle », ce nom de baptême, à Bernard de Nonancourt qui l’interrogeait poliment.

Le hashtag
#tellthestory

Le bug
L’absence d’infos sur la contre-étiquette. Le minimum serait de connaître les trois millésimes qui composent chaque tirage. Pour un grand amateur qui va dépenser 250 euros pour un magnum, qui en possède d’autres acquis au fil du temps, savoir l’âge des bouteilles n’est pas dommage.

Ce qu’en dit le Bettane+Desseauve
De la rondeur, un fruité charmeur, des notes florales et une allonge très tendre et très persistante. Finale onctueuse et d’un raffinement absolu.
18,5/20


Ce texte a été publié sous une forme différente dans ENMAGNUM n° 7. Le numéro 8 est en vente depuis peu chez votre marchand de journaux. La photo du magnum est signée Fabrice Leseigneur. Voici la couverture de ce nouveau En Magnum #08 :

 

lundi 10 juillet 2017

Mes magnums (41) le malbec du prince

Clos Triguedina, cahors 1998 





Ce qu’il fait là
Un cahors (un cador ?) a sa place dans tous les bons journaux du vin. Depuis plusieurs années déjà, c’est toute une appellation qui revit en assurant la pédagogie de son cépage-roi, le malbec. Et en rappelant au monde que l’Amérique du Sud n’en a ni l'origine, ni l’exclusivité.

Pourquoi on l’aime
La cuvée Prince Probus rend un hommage lointain à l’empereur qui fit replanter des vignes dans le Quercy dès le IIIe siècle de notre ère. On l’aime aussi parce qu’un cahors de 1998, c’est un vin apaisé des exigences de la prime jeunesse.

Combien et combien
300 magnums, 90 euros le magnum. Existe dans le millésime 2000 : 150 magnums, 104 euros le magnum. Ces deux vins sont disponibles à la propriété : 05 65 21 30 81.

Avec qui, avec quoi
Avec une vraie tablée, tant au niveau de l’assiette que des convives. Un beau cahors de bientôt vingt ans réclame le meilleur, il lui faut du sérieux, de la gastronomie à la hauteur, du plat de ménage qui ne se pousse pas du col. Et des dîneurs du même métal.

Il ressemble à quoi
Un vin pour la table, pour les confits et les magrets, les côtes de bœuf et le Sud-Ouest. Toutefois, parler avec l’accent local n’est pas obligatoire.

La bonne heure du bonheur
Dîner d’automne ou déjeuner du dimanche. Peu recommandé aux adeptes du brunch ou du match de rugby de l'après-midi.

Le bug
300 magnums de 1998, 150 du 2000, c’est très court.

Le hashtag
#malbecfirst

Ce qu'en dit le Bettane+Desseauve
No comment, le Bettane+Desseauve a été publié pour la première fois en 2007.



Ce texte a été publié sous une forme différente dans ENMAGNUM n° 7. Le numéro 8 est en vente depuis peu chez votre marchand de journaux. La photo du magnum est signée Fabrice Leseigneur. Voici la couverture de ce nouveau En Magnum #08 :




vendredi 7 juillet 2017

Mes magnums (40) un grand chambolle-musigny

Pousse d'Or, chambolle-musigny premier cru Les Groseilles 2014 



Pourquoi lui
Parce qu’une vie ne se passe pas sans quelques magnums de bourgognes d’anthologie. Ceux du domaine de la Pousse d’Or, à Volnay, jouent dans la catégorie top of the shelf depuis l’invention du vin rouge. Le IVe siècle pensent quelques experts. L’an de grâce 1100 annonce le propriétaire, plus mesuré.

On l’aime parce que
Ce chambolle est une leçon de pinot interprété par des virtuoses de la ciselure et de la grande dentelle. Nos experts à nous, les Bettane+Desseauve, pointent une « précision de montre suisse dans l’expression des terroirs ». J’adore l’idée. Serait-ce un modèle du genre ?

Combien et combien
60 magnums. 146 euros TTC départ Volnay.

Avec qui, avec quoi
Avec de grands amateurs, fins, spirituels. Et un pâté en croûte façon Oreiller de la belle Aurore chez Gallopin, ou celui de Westermann, aux trois viandes, dans son bar à champagne du haut de la rue Lepic ou n’importe quel jambon persillé de bonne venue.

Il ressemble à quoi
À un de ces grands bourgognes dont ne voit presque jamais la couleur.

La bonne heure du bonheur
C’est un vin qu’on ne siffle pas en pensant à autre chose. Un vin de dîner, plutôt. Et pas demain soir. 2014 est un beau millésime et un chambolle comme ça, on l’attend. Oui, le temps qu’il faut (rien avant 2024).

Il fait penser à
Un ballet classique à l’Opéra-Garnier quand on se laisse porter enfin.

Le hashtag
#pateencroute (j’ai hésité, pour les accents, mais non finalement).

Le bug
Il existe (existait, ça part à toute allure, ces choses-là) 60 magnums, on compte 365 dîners par an. Cherchez l’erreur.

Ce qu’en dit le Bettane+Desseauve
Situé à l'intersection de trois chemins de vignes et sous les Gruenchers, c'est un climat qui signe ici un joli vin, profond, charmeur, tout en longueur, velouté, qui se démarque par des tannins patinés et par sa superbe finesse de grain, avec une allonge sur un fruit dense et épuré.


Ce texte a été publié sous une forme différente dans ENMAGNUM n° 7. Le numéro 8 est en vente depuis peu chez votre marchand de journaux. La photo du magnum est signée Fabrice Leseigneur. Voici la couverture de ce nouveau En Magnum #08 :