Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



mardi 26 septembre 2017

Mes magnums (49)
un joli blanc pas bien cher

Domaine de la Solitude, pessac-léognan blanc 2012

 

Pourquoi lui
Un vin blanc, oui. Depuis que les rosés ont dépassé les blancs dans les verres des Français, j’ai plus de sympathie pour les blancs. Sauvons les blancs, donc. J’ajoute que les blancs de Pessac-Léognan sont sur le podium des grands blancs français, podium que je laisse à chaque lecteur le soin de constituer sous réserve qu’il y ait un pessac-léognan dessus. Des blancs, même à Pessac, on en fait peu. À La Solitude, pas plus de huit hectares lui sont consacrés. C’est 25 pour les rouges.

On l’aime parce que
Moi, je l’aime surtout pour la parité sauvignon-sémillon. C’est vrai, quoi. Le sémillon, c’est la rondeur de ces blancs, c’est le velouté, le pulpeux. Quand le sauvignon est la droiture, la structure. L’un ne devrait pas aller sans l’autre.

Combien et combien ?
74 magnums, 24 euros le magnum.

Avec qui, avec quoi ?
Avec des amis au regard clair, à l’âme pure, aux préoccupations spirituelles. Une certaine hauteur de vue est conseillée. Mais pas seul, quel dommage.

Il ressemble à quoi ?
Ce domaine appartient à la communauté religieuse de la Sainte Famille depuis 1854 et c’est Olivier Bernard (Domaine de Chevalier) qui exploite pour le compte des religieuses depuis 1993 et pour quarante ans, conseillé jusqu’alors par Denis Dubourdieu. Autant dire que tout va très bien pour les vins des moniales.

La bonne heure du bonheur
Un grand blanc sec, ça va à table et ça marche avec tout ce qui va avec le blanc. Poissons blancs, viandes blanches, certaines charcuteries, certains fromages.

Le bug
Depuis qu’on sait que 2012 est un bon millésime finalement, il n’y a plus de bug.

Le hashtag
#ohmygod

Ce qu’en dit le Bettane+Desseauve
Un blanc puissant et équilibré, jolis arômes de fruits exotiques, pistache, résineux, une grande minéralité. Bouche volumineuse et chaleureuse, très aromatique, tendue par une délicieuse vivacité.
14,5/20

Ce texte a été publié sous une forme différente dans ENMAGNUM n° 8. Le numéro 9 est en vente depuis peu chez votre marchand de journaux. Voici la couverture de ce nouveau En Magnum #09 :



vendredi 22 septembre 2017

Mes magnums (48), un champagne nature

Veuve Fourny & fils, blanc de blancs, premier cru, brut nature


Pourquoi lui
Dans ce magazine, on aime bien les champagnes qui alignent les singularités. Ici, blanc de blancs + brut nature + premier cru, c’est un bon candidat. En plus, et pour faire bonne mesure, ce vin est élevé sept mois sur lies en cuves et fûts sans ajout de soufre. Là, toute la bistronomie du XIe arrondissement de Paris s’évanouit de bonheur. Autre particularité, c’est un assemblage de trois millésimes consécutifs (et vins de réserve, bien sûr).

On l’aime parce que
On peut toujours se moquer des bobos (n'hésitons jamais), mais ce champagne dans sa droiture et son tranchant est l’ami des apéritifs réussis. Il a sa façon de vous propulser à table, c’est tout ce qu’on lui demande.

Combien et combien ?
Quantité de magnums produite non communiquée, 59 euros le magnum.

Avec qui, avec quoi ?
Avec les plus branchés de votre carnet d’adresses et avec des morceaux de parmesan (les trois sont faits pour s’entendre)

Il ressemble à quoi ?
C’est l’avenir du champagne, ce genre d’élaboration. S’il y aura toujours une place pour le grand classicisme, les innovateurs à la Fourny prennent de plus en plus de place. Ce sont des séducteurs.

La bonne heure du bonheur
À l’apéritif et même pour les après dîners un peu durs. Sa fraîcheur requinquera les plus atteints.

Le bug
Ce n’est pas la marque la plus facile à trouver

Le hashtag
#NewBubbles

Ce qu’en dit le Bettane+Desseauve
Droit, pur, intense, d’une race équivalente au brut, mais pour amateurs exigeants. 17/20


Ce texte a été publié sous une forme différente dans ENMAGNUM n° 8. Le numéro 9 est en vente depuis peu chez votre marchand de journaux. Voici la couverture de ce nouveau En Magnum #09 :



lundi 18 septembre 2017

Mes magnums (47),
un grand champagne de l'Aube

Drappier, Grande Sendrée, champagne brut 2006 


Pourquoi lui
C’est la grande cuvée de la célèbre maison d’Urville, chère au cœur et au palais du général De Gaulle. Drappier était son fournisseur personnel et livrait surtout à Colombey-Les-Deux-Églises, en voisin. Michel Drappier a pris la suite de son père Bernard, un vieux monsieur de bonne humeur. Logée dans une bouteille reprise du XVIIIe siècle, cette cuvée nous attend depuis dix ans dans des caves cisterciennes du XIIe siècle.

On l’aime parce que
L’Aube regorge de trésors. Cette cuvée est baptisée ainsi d’après une parcelle recouverte de cendres après un incendie qui ravagea Urville en 1838. Le « s » vient d’une erreur de recopiage du cadastre, jamais corrigée. Ce qui vous donne une histoire à raconter.

Combien et combien ?
Quantité non communiquée, 160 euros le magnum.

Avec qui, avec quoi ?
Comme tous les grands champagnes, le choix est vaste. Il peut rafraîchir une fin d’après-midi d’été, faire un apéritif des plus convenables, il peut passer à table ou encore alimenter une conversation philosophique d’après-dîner. Choisissez votre camp.

Il ressemble à quoi ?
C’est un grand vin, faiblement dosé (5 grammes de sucre par litre), sulfité a minima, issu des plus belles parcelles de la maison Drappier. À un prix encore raisonnable, il en remontre volontiers à des vins beaucoup plus coûteux, mais pas plus goûteux.

La bonne heure du bonheur
Idéalement, c’est un vin de méditation. Goûtez-le tard, au coin du feu, en picorant des bouts de comté de bonne provenance.

Le bug
Le rosé est encore meilleur

Le hashtag
#pasdechampagnesanslesvinsdelaube

Ce qu’en dit le Bettane+Desseauve
Ce millésime, sans rejoindre le grand 2002, développe plus d’énergie tout en s’inscrivant dans un style puissant. Un champagne de table. 16,5/20

mercredi 13 septembre 2017

Marc Monrose et cette envie de bien faire

Quand Roger Zannier visite le château viticole Saint-Maur à Cogolin pour la première fois, il n’est pas comme nombre de ses pairs à la recherche d’une « maison de vacances exceptionnelle avec piscine ». Non, vingt ans plus tôt, en 1991, il avait investi dans un beau domaine du Douro portugais, la quinta de Pessegueiro où il produisait des vins secs sous la nouvelle (1979) appellation Douro. Des vins élaborés sur le conseil de Jean-Michel Cazes (Lynch-Bages) par la célèbre et très qualitative Quinta do Noval. Le vin, sa production, son commerce, il savait ce que c’était, il n’a pas découvert les vignes du château Saint-Maur au moment de signer chez le notaire comme cela arrive parfois. Et le voisinage avantageux de Saint-Tropez agissait plus comme une opportunité de marketing que comme un aimant people. La belle histoire était là était là.


Marc Monrose, photographié à Paris



Qui est Roger Zannier ? Un fils de maçon italien établi à Saint-Chamond, entre Lyon et Saint-Étienne. Là, un beau jour, il achète deux machines à coudre et lance une activité de confection et à force de travail et de bonne fortune, il est aujourd’hui à la tête d’un empire dans le secteur du vêtement pour enfants et de la mode. Chacun connaît ses marques, de Kickers à Z, de Tartine & Chocolat à IKKS. S’il en a cédé certaines, toutes ont contribué à sa gloire. On l’a connu aussi à la tête de Z, une équipe cycliste, mais c’est fini. Son fils Arnaud développe un pôle hôtellerie et c’est son gendre, Marc Monrose, qui a la responsabilité des vignobles familiaux et que nous rencontré à l’occasion d’un de ses passages à Paris, entre deux avions, entre deux marchés d’export. Sa vie a basculé à l’occasion d’une visite dans les vignes portugaises de son beau-père. Est-ce la beauté austère et un peu étrange du Douro, l’appel du changement de vie, la qualité des vins produits ? Nous sommes en 2006 et il s’inscrit illico à l’université de Dijon, sa ville natale, et trois mastères plus loin, il cède ses affaires personnelles et le voilà aux commandes des vignobles Zannier, à plein temps à partir de 2009. Huit ans déjà. Un premier constat ? « Le plus dur avec les vins portugais en, France, c’est de les vendre ». Alors, il croche dedans, s’efforce autant qu’il est possible, change de pied et, peu à peu, le succès s’organise. Il a compris que quand on n’est pas une famille du vin « On ne vend pas de vin, mais du rêve, des souvenirs, des idées, des sensations ». Pourtant, il est dans le réel quand il conseille à son beau-père d’agrandir la propriété de plus du double (de 11 à 30 hectares), d’acheter un terrain pour construire une cave ultra-moderne et de mener des études sur la structure parcellaire du vignoble, l’adéquation des méthodes et des cépages aux sols, avant de reprendre l’élaboration des vins à la quinta, plutôt que chez Noval. Marc Monrose a d’abord été enthousiasmé par les compétences des équipes en place à Pessegueiro depuis les premiers jours de l’exploitation sous la gouvernance Zannier. D’abord, ils sont toujours là, ce qui est un signal fort tant sur l’endroit que sur le patron. Ensuite, dit-il, « Chacun, là-bas, a une culture du vin exceptionnelle. Ils ont tous quelques vignes pour leur consommation personnelle et ils revendent des raisins en état sanitaire parfait. » Pourtant, c’est parfois compliqué, la viticulture locale. Sur certaines parcelles de vieilles vignes, on trouve jusqu’à 70 cépages différents sur un seul hectare. D’où l’importance de replanter de grandes parcelles de touriga nacional, le cépage noble du Douro. Et puis, à force d’entêtement, le nouveau chai est sorti de terre. Sa tour de 23 mètres de haut abrite un cuve-ascenseur. En 2011, pour la première fois, Pessegueiro a produit un porto, « Nous avons profité du millésime exceptionnel pour déclarer un vintage. » Aujourd’hui, Marc Monrose produit deux grands rouges secs, Aluze et Quinta do Pessegueiro. En 2011 encore, il a sorti une cuvée d’exception baptisée Plénitude et vendue 60 euros, un prix très élevé pour un rouge du Douro. Cette cuvée a de nouveau été produite en 2015 pour 3 000 bouteilles. En tout, 120 000 bouteilles et quelques pots de miel sortent chaque année de Pessegueiro, objectif 150 000. L’un des atouts maîtres de Marc Monrose est son consultant, l’impeccable Éric Beaumard, surtout connu pour être un sommelier hors pair et le directeur général de l’hôtel George V à Paris. Il aurait pu choisir de travailler avec l’un ou l’autre de nos grands consultants, ces flying winemakers que le monde s’arrache, mais non, il a préféré s’entendre avec un sommelier, c’est une idée neuve, mais pas unique. D’autres en font autant. C’est aussi en 2011 que Vignobles Zannier acquiert le château Saint-Maur. Ce vignoble est inscrit au classement des crus de Provence de 1955, ce qui n’a pas grand sens, mais confère une certaine crédibilité dans le public. Dès l’affaire conclue, Marc Monrose se met au travail. Une nouvelle cave sort de terre pour le premier millésime du nouveau Saint-Maur en 2013. Marc s’enthousiasme : « Je veux vendre du vin à Saint-Maur, comme on vend du champagne. » Déjà, avec des bouteilles originales, il en revendique les codes. Et les volumes. De 2013 à 2016, il est passé de 80 000 bouteilles à 400 000. Et, comme si tout ceci ne suffisait pas, il a créé un rouge en 2015. De ses trois cuvées, il tire beaucoup de fierté, content aussi des prix de vente acceptés par le public et les cavistes, 10, 18 et 32 euros, c’est déjà très bien. On sent l’homme en pleine phase avec ses défis, le succès est au coin de l’histoire, la sienne. Il conclut : « C’est le plus beau métier du monde, l’égal des orfèvres ou des denteliers ». Bien vu.

La photo : Mathieu Garçon

mardi 12 septembre 2017

Mes magnums (46) un beau pinot noir de Beaune

Beaune premier cru, Vignes franches 2015, Louis Latour 

 

Pourquoi lui
À la mesure de la production bourguignonne de ces dernières années, un beau pinot noir de Beaune se fait de plus en plus rare. Quand on en voit passer un, on lui demande de rester un peu. Et quand il nous rappelle une époque où les propriétaires fonciers ne payaient pas de taxe (vignes franches), la nostalgie nous étreint et le bouchon est tiré.

On l’aime parce que
Comme la plupart des grands rouges de la maison Louis Latour – nous pensons à l’admirable corton-grancey, ce beau magnum est fait pour vieillir à fond de cave, mais pour quelques semaines encore, il est merveilleux. Après, il connaîtra une éclipse, on dit qu’il s’est « refermé ». L’image est forte.

Combien et combien ?
100 magnums, 99 euros le magnum.

Avec qui, avec quoi ?
Avec ceux qu’on aime, ceux qu’on souhaite honorer, ceux qui le méritent. Ce qui exige de passer son carnet d’adresses au peigne ultra-fin.

Il ressemble à quoi ?
À ces grands bonheurs dont l’enchérissement progressif nous éloigne inexorablement. Les bourgognes, les truffes blanches, les voitures de collection. Tout ce qui s’affole dans les catalogues des marchands. Cela dit, à 99 euros, ce magnum de beaune premier cru est encore à peu près accessible.

La bonne heure du bonheur
C’est un vin de bon dîner, de gibier à plumes, un vin limpide et brillant, un beau bourgogne en somme.

Le bug
Cent magnums de ce vin… Comment dire ? Ne perdons pas une minute.

Le hashtag
#pinotnoirforever

Ce qu’en dit le Bettane+Desseauve
Très coloré, savoureues notes de cerise noire bien mûre, tanin fin, corps charnu, bel équilibre. Attendre deux à trois ans minimum.


mardi 5 septembre 2017

Phélan-Ségur est vendu

Phélan-Ségur, un soir d'été et d'orage.


Les frères Gardinier, propriétaires de Château Phélan-Ségur, Groupe Taillevent, Les Crayères à Reims et un important domaine d'agrumes en Floride, annonce la vente (négociation exclusive, en fait) de Phélan-Ségur à un entrepreneur belge, Philippe Van de Vyvere.
La rumeur courait depuis un moment, elle n'était donc pas sans fondement. Rappelons que la famille Gardinier a signé un long passage de trente ans aux commandes du cru. Lequel est devenu l'un des plus exemplaires de l'appellation et, certainement, un grand du Médoc.
Voici ce que les frères Gardinier disent :
« Afin de renforcer la cohérence entre nos différentes activités, nous avons décidé de consacrer
l’essentiel de nos investissements à venir dans les métiers de la gastronomie (restauration,
distribution, …) et de l’hôtellerie haut de gamme. Taillevent Paris, le Domaine Les Crayères et le
Comptoir du Caviar en seront les premiers bénéficiaires, avec des projets déjà définis. Le renforcement du groupe pourra également passer par de la croissance externe si cela s’avère être
complémentaire », expliquent les trois frères, Thierry, Stéphane et Laurent Gardinier, et d’ajouter
« le vin, l’une de nos passions, reste au coeur de l'ADN du groupe. Nous gardons ainsi une réelle
proximité avec nos amis viticulteurs. »


À propos de l'acquéreur
Philippe Van de Vyvere, qui a construit son développement autour d'activités maritimes et portuaires
à travers son groupe Sea-Invest, a toujours cultivé une passion des grands vins.
« Initié dès mon plus jeune âge par mon grand-père, grand connaisseur et collectionneur des Vins de
Bordeaux, je perpétue cette tradition familiale. Parmi mes amis, je compte d'heureux propriétaires
dans le Bordelais, et mon rêve de posséder un jour une belle propriété a été exaucé lors de ma
rencontre avec la famille Gardinier. J’ai eu un réel coup de coeur pour Château Phélan Ségur,
magnifique domaine surplombant la Gironde. Les nombreux échanges avec les frères Gardinier leur
ont fait comprendre que j'allais être un acquéreur respectueux du passé, et ayant la volonté de
continuer l'excellent travail accompli. Mon ambition est de pérenniser Phélan Ségur comme l'un des
grands Saint Estèphe. »



La photo : est signée Mathieu Garçon