Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



mercredi 17 janvier 2018

Mes magnums (57), le mercurey inconnu qui déboule sabre au clair

Mercurey, Clos Marcilly premier cru 2014, Les héritiers Saint-Genys 
 

Pourquoi lui
Deux raisons. Ce clos-marcilly est l’un des cinq premiers crus historiques de Mercurey, ce qui pose son homme. La côte chalonnaise est l’un des sourcings les plus fiables qui se puisse trouver. « Jamais déçu avec un côte chalonnaise » disait volontiers une charmante vieille dame de ma connaissance. Qui ne s’y connaissait pourtant pas beaucoup.

On l’aime parce que
À l’envers de l’ambiance du moment en Bourgogne, pas de vinification en vendanges entières, mais un égrappage total. Bien ou pas bien ? Au fond, personne n’en sait rien puisque tous arrivent à des résultats d’exception en suivant des chemins radicalement opposés. C’est juste affaire de convictions.

Combien et combien ?
200 magnums, 57 euros le magnum.

Avec qui, avec quoi ?
Avec ceux de vos amis qui ont compris que les vins de la côte chalonnaise (rully, bouzeron, mercurey, givry, montagny) sont de parfaits bourgognes, mais moins chers que les autres et que ça ne durera pas. Forcément.

Il ressemble à quoi ?
À une belle exécution du pinot noir poussé dans un clos cultivé comme un jardin.

La bonne heure du bonheur
C’est bien sûr un vin qu’on attend à table sur un filet de bœuf, des champignons (sans ail, évidemment) et des fromages bourguignons, type citeaux.

Il fait penser à
Jeune comme ça, en magnum, voilà un grand bourgogne qui mérite d’être attendu quelques années, mais qui, d’ici là, fait son effet tout de suite dans la catégorie « vins de soif de luxe ».

Le hashtag
#mercureyfirst

Le bug
Quelqu’un en vend à côté de chez moi ?

Ce qu’en dit le Bettane+Desseauve
Rien pour l’instant, mais comme c’est un vin d’une belle finesse, ça ne devrait plus tarder.


Cet article a été publié dans En Magnum #09 en septembre 2017 et sous une forme différente.
Le numéro 10 vient de paraître, il est en vente chez votre marchand de journaux. Il ressemble à ça :





lundi 15 janvier 2018

Mes magnums (56), un best buy à Bordeaux

Château Marquis de Terme, grand cru classé en 1855, margaux 2015 


Pourquoi lui 
Parce qu’il est infiniment agréable de dire au monde le bien qu’on pense du vin de quelqu’un qu’on estime. Le directeur général des vignobles Sénéclauze, à qui l’on doit la renaissance du cru, s’appelle Ludovic David. Il a passé quatre années au sein de l’organisation Bernard Magrez, véritable université du vin qui forme in situ les cadres supérieurs de la filière aux arcanes de la production de grands vins. Et où chaque structure concurrente vient se servir en professionnels de haut niveau sans autrement de scrupules.

On l’aime parce que
Un margaux, grand cru classé de 1855 dans un millésime de grande garde et à ce prix-là, je vous fais un dessin ou je vous mets trois caisses de six magnums directement ?

Combien et combien ?
3 000 magnums, 82 euros le magnum

Avec qui, avec quoi ?
Là encore, choisissez une réunion d’esprits libres, de ceux qui savent que le bordeaux-bashing est une imposture, qui comprennent ce que le mot « complexité » veut dire s’agissant d’un vin. Et prenez le temps de les choisir avec soin, ce vin donnera son meilleur dans une dizaine d’années. Mais il est déjà bon aujourd’hui, comme tous les grands vins.

Il ressemble à quoi ?
À ces super-bordeaux qui font l’essentiel du retour en grâce du bordeaux. Ce concept inventé sur un coin de table de réunion par Thierry Desseauve s’articule autour de trois axes, le plaisir immédiat, la qualité de la promesse dans le temps, le prix. Ce marquis-de-terme joue dans cette cour.

La bonne heure du bonheur
À table et nulle part ailleurs, on n’est pas à NYC et ce n'est pas un apéro

Il fait penser à
Au plaisir de rentrer chez soi après les vacances. On peut se promener partout, mais quand on revient, c’est dans un verre de bordeaux.

Le hashtag
#bordeauxestgrand

Le bug
On n’en voit (boit) pas souvent

Ce qu’en dit le Bettane+Desseauve
Harmonie onctueuse et brillante, grand velouté, subtil. Complet, grande couleur, grand corps, magnifique velouté de texture, finesse réelle d’extraction, un vin au cœur de la grande réussite de cette appellation et un grand vin encore accessible en prix.
18/20

Cet article a été publié dans En Magnum #09 en septembre 2017 et sous une forme différente.
Le numéro 10 vient de paraître, il est en vente chez votre marchand de journaux. Il ressemble à ça :



lundi 8 janvier 2018

Mes magnums (55),
un grand du Chili (très bon)

Almaviva, chili 2014, Baron Philippe de Rothschild
et Viña Concha y Toro


Pourquoi lui
Nous sommes sensibles à toutes les bonnes idées. Là, refaire l’histoire de Opus One, mais au Chili, se réincarner dans l’accord Philippe de Rothschild – Robert Mondavi, c’était un pari. Il date de 1997 et c’est Philippine de Rothschild qui a poussé les propriétaires de l’immense affaire familiale chilienne, Concha y Toro. Le résultat est là, c’est un grand vin du Chili. Il y en a d’autres, mais celui-là, il est dans nos pages.

On l’aime parce que
Tout l’esprit de Bordeaux interprété par les terroirs chiliens. C’est un bordeaux blend augmenté de carménère, cépage quasi-emblématique du Chili. Bref, cinq cépages dans votre verre, voilà qui promet des complexités interminables, quelle chance.

Combien et combien ?
Quantité « limitée ». 220 euros le magnum.

Avec qui, avec quoi ?
Éliminez d’entrée les forts en espagnol, ce n’est pas le sujet. Préférez des curieux, des pointus qui sauront dire : « Tu le sens, ce petit goût d’eucalyptus ? », même si ce n’est pas le cas.

Il ressemble à quoi ?
L’Amérique, mais du Sud. Avec une trame tannique fine et racée, comme nos beaux crus classés.

La bonne heure du bonheur
On le boira à table, bien sûr, avec une gastronomie goûteuse, de la belle viande, un beau cochon, un plat de ménage relevé.

Il fait penser à
À ce héros hispanique tout droit sorti de la littérature française (Le Mariage de Figaro, Beaumarchais), ce qui lui confère une légitimité toute trouvée.

Le hashtag
#chilebyheart

Le bug
On n’en boit jamais.

Ce qu’en dit le Bettane+Desseauve
Le Bettane+Desseauve n’en dit rien, le Bettane+Desseauve se concentre exclusivement sur les vins français.


Cet article a été publié dans En Magnum #09 en septembre 2017 et sous une forme différente.
Le numéro 10 vient de paraître, il est en vente chez votre marchand de journaux. Voici à quoi il ressemble :


mardi 2 janvier 2018

Shawn, le winemaker qui organise
des concours de beauté

Il s’appelle Shawn Mathyse, il a 29 ans, mais déjà beaucoup de métier dans cette Afrique du Sud qui l’a vu naître. Dès son arrivée en stage à la Tasting Room du domaine, Ken Forrester a repéré ses aptitudes et l’a poussé pour qu’il fasse de solides études. Il l’a inscrit dans l’Université du vin de Stellenbosch où il est resté trois ans. Pour Shawn, c’était facile, il faisait tous ses stages chez Ken, ce qui l’a sans doute empêché d’aller voir ailleurs, mais ce qui a peu à peu conforté sa position et son futur métier. Sur ce sujet, il s’exprime avec infiniment d’humilité, bien sûr, il ne fait pas le malin du tout, mais quand on le pousse un peu, on réalise que c’est plus important que ce qu’il veut bien nous dire. Chaque fois que Ken Forrester s’en va courir le monde pour vendre le vin, c’est Shawn qui se débrouille tout seul à toutes les étapes de la vinification, mise en bouteille comprise. Il fait ça sous l’œil bienveillant de Pieter Rossouw, 45 ans, chef de culture passionné et très impliqué dans la qualité, qui dirige une équipe de 30 permanents avec autant de sérieux que de bonne humeur, la marque de ce domaine. Shawn dit qu’il veut se spécialiser dans le chenin blanc, mais de confidences en confidences, on comprend son intérêt pour le vin, « J’adore créer un vin en modifiant le goût par l’assemblage de cépages différents, le jeu des proportions. C’est passionnant, c’est une cérémonie, d’ailleurs j’appelle ce moment le Concours de beauté ».
Aujourd’hui, Shawn est l’assistant de Ken Forrester, il a la charge des grands vins du domaine. Mais pas seulement. Ken lui a permis de mener des expérimentations sur quelques barriques de chenin. Son vin s’appelle Dirty Little Secret, c’est un vin à la limite du « nature », c’est-à-dire très peu protégé. C’est très bon, incroyablement suave, il porte aussi un numéro, One, puisque c’est le premier essai qui devrait voir la mise en marché d’un petit millier de bouteilles qu’on trouve déjà dans le plus hype des bars de Londres, le fameux 67, Pall Mall. Le second sera numéroté Two, mais comme il a poussé l’expérimentation un peu loin, il n’en reste plus qu’une barrique et c’est un vin très différent. Shawn espère bien que ça continuera longtemps et que jamais il ne fera le même Dirty Little Secret.

Shawn et son Dirty Little Secret

La photo : Mathieu Garçon

Cet article a été publié sous une forme différente dans le supplément Spécial Vin du Journal du Dimanche, en juin 2017