Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



jeudi 29 mars 2018

EnMagnum, c’est mieux

Je ne prends presque jamais le temps d’assurer une auto-promo pas toujours bien comprise. Mais là, on me dira oui, j’adore ce numéro de EnMagnum. Des onze numéros déjà publiés, c’est mon préféré. Tout est bien et ça commence page 1, la plus belle couverture depuis sa création.
À l’intérieur, ça va vite.
Un dossier Bourgogne particulièrement passionnant qui met la lumière sur le bouleversement des hiérarchies.
Un dossier Bordeaux aussi, avec notre best of des 2015 par Thierry Desseauve, un focus sur le millésime 2017 par Michel Bettane.
Ce même Bettane qui signe un article définitif sur les vins corses. Jamais lu mieux sur ce sujet. Évidemment et comme toujours, un gros effort a été fait sur la qualité des photos avec Mathieu Garçon et les autres et ça marche.
Et Régis Franc signe quatre pages de BD, c’est drôle, moqueur, incisif.
Vraiment, je suis ravi et je souhaite à tous ceux qui vont l’acheter dès demain chez leurs marchands de journaux d’être aussi contents que moi.



La photo : est signée Véronique Barbier qui ne compte pas pour des prunes dans la qualité de ce numéro

lundi 26 mars 2018

Mes magnums (61)
Un champagne de vigneron, un vrai

Champagne Pierre Gimonnet & Fils, Millésime de collection 2006 



Pourquoi lui
Il y a longtemps qu’on aime les champagnes de Gimonnet, alors bonne occasion de partager de vieux souvenirs en même temps qu’un blanc de blancs issu de vieilles vignes, plus séveux et minéral qu’obligatoirement aérien.

On l’aime parce que
Au bout de plus de dix ans, il commence à livrer tous ses secrets qui nous parlent de terroirs, de vignerons, de pluie et de soleil. Il est beau comme ça, notre Gimonnet.

Combien et combien 
110 euros le magnum (au domaine).
Quantité non communiquée, mais il n'y en a sans doute pas beaucoup.

Avec qui, avec quoi 
Avec des énervés de l’authentique, ils seront calmes jusqu’à la fin du magnum. Les caractériels aussi aiment les vins de caractère.

Il ressemble à quoi 
Ce n’est pas un champagne de soleil, évanescent et mince. C’est un champagne de la craie, de la terre, puissant et lumineux.

La bonne heure du bonheur
Il devrait apporter une belle réplique à un plateau de fruits de mer en pleine forme, iodé, salin. Et même à côté d’un rôti de bœuf bien saignant.

Le hashtag
#lamidesgens

Le bug
Il faut sans doute le commander au domaine, ce n’est pas en vente partout.

Ce qu’en dit le Bettane+Desseauve
Dominé par les 65 % de Cramant dans l'assemblage, ce vin conjugue puissance et élégance avec une jolie finale crayeuse. 17/20

Toutes les photos de cette série Mes magnums sont signées Fabrice Leseigneur.
Cette chronique a été publiée dans EnMagnum #10.
Le numéro 11 est attendu le 30 mars chez votre marchand de journaux. Voilà la couverture de ce numéro 11. Elle est belle.


 

vendredi 23 mars 2018

Mes magnums (60) Un grand champagne rosé très bon, très cher

Champagne Veuve Clicquot, La Grande Dame, brut rosé 2004 

 

Pourquoi lui
Quand on voit ce que deviennent ses prédécesseurs, on se dit qu’il y a urgence à faire les courses. En caler douze bouteilles dans un coin de la cave et commencer à les boire dans dix ans et pendant dix ans. En garder deux pour jouer les prolongations. C’est ça, un rosé de Veuve Clicquot. On peut aussi en caler vingt-quatre.

On l’aime parce que
On comprend au premier nez qu’il est déjà bon et pour longtemps. Le charme quasi oriental des arômes d’un grand champagne rosé jeune est irrésistible et son évolution, ébouriffante. Oui, 2004, c’est jeune pour un grand champagne.

Combien et combien 
650 euros le magnum. Quantité non communiquée.

Avec qui, avec quoi 
Avec des amateurs véritables. Ou l’homme de votre vie. Si c’est une femme, ça marche aussi. Bref, avec des gens à qui il est indispensable de faire plaisir. Vous en connaissez forcément un ou deux (au-delà, c’est trop, ce n’est qu'un magnum après tout)

Il ressemble à quoi 
Aux parfums subtils de la roseraie de Bagatelle en fin de floraison. Encore une histoire d’amoureux.

La bonne heure du bonheur
J’en connais qui l’emmènerait à table. Je la réserve aux apéritifs d’hiver, feu dans la cheminée et tapis profond. Et à l’après-dîner, dans le même ordre d’idées.

Le hashtag
#pinkchampagne

Le bug
Le très haut niveau, il faut en avoir plein, mais c’est coûteux.

Ce qu’en dit le Bettane+Desseauve
Élancé et brillant, d'une remarquable allonge et d'une grande finesse, ce rosé est d'un style moins vineux que le Vintage, mais sa finale saline est inoubliable. 19/20

Toutes les photos de cette série Mes magnums sont signées Fabrice Leseigneur.
Cette chronique a été publiée dans EnMagnum #10.
Le numéro 11 est attendu le 30 mars chez votre marchand de journaux. Voilà la couverture de ce numéro 11. Elle fait envie.




 

lundi 19 mars 2018

« Ce n'est pas la bulle qui m'intéresse,
c'est le vin »

Odilon de Varine, 53 ans, est le chef de cave et le directeur général de la maison Gosset, connue pour ses beaux champagnes. Nous l’avons passé à la question.

Odilon de Varine, chef de caves et DGA de Gosset, belle maison de Champagne


Henriot, puis Deutz, maintenant Gosset,
des maisons équivalentes, non ?

Des maisons familiales qui ont le même amour du vin et une volonté de transmission. Les actionnaires n’attendent pas un gros rendement de leur capital, ils comprennent l’importance de transmettre quelque chose en pleine forme et en bonne santé.

Vous êtes Champenois ?
Je me considère comme tel. Je suis né en Champagne, mes sept frères et sœurs aussi. Mes parents ont vécu plus de cinquante ans en Champagne, à Verzy, un petit village de la montagne de Reims.

Et vous avez grandi dans le manoir de Verzy.
Manoir qui appartenait déjà à Veuve-Clicquot. Mon père travaillait pour eux, c’était donc sa maison de fonction. J’ai passé mon enfance dans cette maison.

Chez Gosset, vous avez connu Béatrice Cointreau aux commandes et à sa suite, son frère Jean-Pierre. Une gouvernance très différente ? Très complémentaire, en fait. Béatrice a fait beaucoup pour la maison, Jean-Pierre le reconnaît volontiers. Elle a apporté quelque chose de différent. Dans une maison familiale, chacun apporte sa pierre à l’édifice.

Gosset, les volumes ?
Un million de bouteilles par an. C’est une petite maison dans l’univers du négoce. Aujourd’hui, nous produisons neuf cuvées différentes.

Ce n’est pas trop ?
Non seulement ce n’est pas trop, mais nous faisons aussi des cuvées en éditions limitées. Par exemple, le “15 ans” sorti l’année dernière, c’était un vieux rêve. Un brut sans année qui avait quinze ans de cave sur lies avant dégorgement pour montrer la capacité de vieillissement d’un champagne. Il y a eu aussi “Petite douceur” il y a quatre ans, un extra-dry rosé. Et nous avons d’autres projets dans les cartons pour les années à venir.

À quoi tient la particularité de Gosset ?
L’approvisionnement, d’abord. Quand on fait seulement un million de bouteilles, on peut être difficile. Aujourd’hui, nous avons plus d’approvisionnement que nécessaire, nous avons le choix et nous revendons les vins clairs qui nous plaisent moins. Enfin, la vinification. Nous gardons l’acide malique, l’acide naturel du raisin, l’essence même du raisin.

Vos vins ont un extra-potentiel de vieillissement ?
Oui. Depuis 1584, la maison fait des vins sans malo, c’est son style, ça permet d’avoir des vins fruités, qui se conservent. Nous les gardons plus longtemps en cave, mais nous retrouvons cette acidité et cette complexité dues au long séjour sur lies. Les vins conservent une fraîcheur, une fin de bouche claire, nette. Je suis persuadé qu’un jour, quand je serai très vieux et que je n’aurai que ça à faire, je regarderai le caractère des vins par rapport au caractère des gens. La notion de base reste le partage, le vin et l’humain. À partir de cette notion de partage, il faut qu’il y ait une envie. L’envie n’est pas la même pour tout le monde et c’est pour cela qu’il y a pleins de styles et pleins de vins.

Des nouvelles cuvées ?
Nous venons de sortir un blanc de blancs et, depuis septembre, un blanc de noirs “Black and White” qui a passé neuf ans sur lies, un extra-brut 100 % pinot noir. L’idée que le champagne ne vieillit pas est une grosse bêtise. Le gaz carbonique le protège de l’oxydation, même s’il n’y a plus de bulle. Ce n’est pas la bulle qui nous intéresse, c’est le vin. La bulle sublime le vin et pas le contraire, on ne fait pas un support pour des bulles. Il y a quelques maisons comme la nôtre que je respecte beaucoup et qui ont cette même vision.

Votre Top 5 ?
Alfred Gratien en n°1, Pol Roger en n°2, Jacquesson en n°3, des cuvées René Lalou chez Mumm en n°4 et Marie-Noëlle Ledru en n°5.

Entre un blanc et un rosé, vous préférez ?
J’adore le rosé à l’apéritif, c’est idiot de le mettre à table, on en perd le fruit et c’est justement ce que j’aime dans les rosés d’assemblage. Et un beau blanc de blancs, c’est magnifique. Spontanément, je vais vers les cuvées à majorité de chardonnay, qu’elles soient brut, blanc de blancs ou rosé. Toutes nos cuvées sont à majorité de chardonnay sauf Grande Réserve qui est à 50-50, c’est notre cœur de gamme, celle qui définit le style.

À quel point la personnalité de la maison est-elle indispensable ?
Ma génération a vu la maturité de la Champagne, celle qui nous a précédés était encore en phase de développement. Aujourd’hui, la Champagne est au taquet, les 34 000 hectares sont plantés, le rendement est ce qu’il est. Je pense que si l’on veut continuer à vivre et à se différencier en restant le plus grand vin du monde, il faut une offre large avec des des goûts différents pour échapper à la standardisation. Sans parler des autres effervescents dans le monde, je pense que la Champagne doit se dégager avec des vins à forte personnalité ancrés dans le terroir. Il faut défendre cette origine, la mettre en avant, la minéralité des vins de Champagne, ce côté salin que nous apporte la craie, c’est le terroir.

Les autres effervescents font-il partie
de votre panel de comparaison ?

Chez moi, j’ai des mousseux anglais, australiens, californiens, néo-zélandais. Tous les ans avec mes amis œnologues, nous organisons une dégustation des vins mousseux du monde. Cette comparaison est essentielle. Avant d’arriver en Champagne, je faisais du crémant en Alsace, il y a des choses magnifiques et c’est pour ça qu’il faut se battre pour nos spécificités.



La photo : est signée Mathieu Garçon 


Cet article a été publié dans En Magnum #10 en septembre 2017 et sous une forme différente.
Le numéro 11 vient de paraître, il est en vente chez votre marchand de journaux dès le 30 mars.
Voici à quoi il ressemble :





mercredi 14 mars 2018

Une table, un vin, un prix, un bonheur

Depuis toutes ces années, on connaît le principe. Le négoce bordelais incarné par la grande maison Duclot met à disposition du public des grands crus prêts à boire à prix caviste sur la table de la crème de la restauration française. L'affaire commence demain, s'achève le 15 avril. L'idée la meilleure est de réserver sa table ET sa bouteille. Sinon, revenez l'an prochain.
Moi, je sais déjà qu'au moins une bouteille de rieussec passera par ma table (et en rouge ? MHB 08, évidemment). Mais où ? Commençons par les vins, nous sommes surtout là pour ça.

Quels vins ?
Que des bordeaux, bien sûr. C'est une opération de promo, pas une vente de charité.

Chevalier 2012, cru classé de Graves - Pessac-léognan blanc, 100 euros
La Lagune 2011, 3e cru classé - Haut-médoc, 60 euros
Malescot-Saint-Exupéry 2002, 3e cru classé - Margaux, 70 euros
Palmer 2006, 3e cru classé - Margaux, 290 euros
Beychevelle 2006, 4e cru classé - Saint-julien, 125 euros
Saint-Pierre 2012, 4e cru classé - Saint-julien, 55 euros
Lafite-Rothschild 1999, 1er cru classé - Pauillac, 590 euros
Mouton-Rothschild 2008, 1er cru classé - Pauillac, 540 euros
Pichon-Longueville Comtesse de Lalande 2009, 2e cru classé - Pauillac, 220 euros
Cos d’Estournel 2002, 2e cru classé - Saint-estèphe, 195 euros
La Mission-Haut-Brion 2008 - cru classé de Graves - Pessac-léognan rouge 280 euros
Cheval Blanc 2006, 1er grand cru classé A - Saint-émilion grand cru, 690 euros
Clos-Fourtet 2005, 1er grand cru classé B - Saint-émilion grand cru, 230 euros
Le Gay 2008, pomerol, 125 euros
Rieussec 2003, 1er cru classé de Sauternes, 55 euros




Quels plats dans quels restaurants ?
La plupart des chefs des restaurants concernés par cette opération se sont pris au jeu et ont poussé l'affaire jusqu'à réaliser des plats en accord avec l'un des vins. Cette chance.
Pour ceux qui doutent ou n'ont pas compris, les vins sont au même prix dans tous ces restaurants.

Benoit langue de bœuf lucullus, cœur de romaine à la crème moutardée, avec château-rieussec 2003.

Le Corot le canard de Madame Burgaud, cuit au bois de nos forêts, oseille, courge violon, kumquat, jus de vinaigre de Nanteuil-les-Meaux, château-beychevelle 2006.

Divellec caviar, pomme de terre à la fourchette et crème aigrelette pour un chevalier 2012.

Mon Paris pigeon de Racan flambé au vieux Cognac puis rôti au thym, asperges vertes de Touraine, fregola sarda aux petits pois et poitrine fumée, jus corsé maison, avec beychevelle 2006.

Relais Louis XIII ravioles de homard et foie gras, sauce aux cèpes, avec un malescot-saint-exupéry 2002.

Épicure selle d'agneau de lait rôti en croûte de nori, jus du rôti, gnocchis aux herbes, purée de colrave pour château-beychevelle 2006.

Alcazar poulet rôti servi entier et asperges des Landes, avec le château-saint-pierre 2012.

Brigitte escalope de ris de veau croustillante, oignons de Roscoff, lard fumé et jus de veau réduit, avec château-cos-d’estournel 2002. Tanguy Le Gall est – sans surprise – originaire de Bretagne, Douarnenez exactement. Sa grand-mère lui faisait des ris de veau meunière dont il garde un souvenir plein d’émotion. Il a choisi de les réinterpréter spécialement pour Carte sur Table.

Clover Grill la côte de boeuf de Salers avec un château-lafite rothschild 1999.

Crom’Exquis noix de ris de veau, sauce Périgueux et zéphyr de pommes de terre, avec château-beychevelle 2006.

Bristol selle d’agneau de lait rôti en croûte de nori, jus du rôti, gnocchis aux herbes, purée de colrave, avec le château-beychevelle 2006.

Georges queue de filet de bœuf marinée dans une sauce huître, soja et cognac, puis cuite à la plancha avec un château-malescot-saint-exupéry 2002.

Grands Boulevards côtelettes d’agneau rôties, asperges vertes crues et cuites au Josper, jus corsé au romarin, avec saint-pierre 2012 ou pichon-comtesse 2009 et, pour le dessert, panna cotta aux agrumes, granité à l’orange sanguine, avec rieussec 2003.

Le Grand Véfour purée de pomme de terre, jus aux truffes, avec château-la-lagune 2011.

Les Marches l’incontournable chou farci, avec château-la-lagune 2011.

Matsuhisa, Le Royal Monceau Sashimi Scallops New Style – de délicates saint-jacques saisies à l’huile de sésame, assaisonnées d’une touche de yuzu, de soja et de ciboulette – avec château-palmer 2006, un accord qui peut paraître surprenant, mais qui se révèle pourtant divin.

Restaurant Pierre Gagnaire grosse langoustine croustillante 1982, pommes soufflées au sumac et flambées au vieux rhum, gelée de cidre fermier sur une crêpe de blé noir, raviole imprimée d’herbes, salpicon au curry vert, avec domaine-de-chevalier 2012.

La Grand’Vigne, Les Sources de Caudalie promenade au potager, tarte aux premiers petits pois de printemps, avec domaine-de-chevalier 2012.

Flocons de Sel tourte de Chamois, jus de gibier aux truffes, avec un clos-fourtet 2005.

On le voit, l'idée Carte sur table a pris des épaules. Au moins dans l'esprit des restaurateurs et c'est une très bonne nouvelle. Pour ceux qui veulent plus de détails, les big boys de Bettane+Desseauve se sont collés à la dégustation complète. On se cultive en lisant leurs propos sur enmagnum.com (c'est aussi là que vous trouverez les coordonnées des restaurants).

lundi 12 mars 2018

Mes magnums (59)
un grand champagne non dosé


Champagne Ayala, Brut Nature

Pourquoi lui
Parce que Ayala, parce que Bollinger, parce que l’équipe en place trace sa route loin de la maison-mère, parce qu’il n’y a pas d’erreur, parce que les vins sont bons, de plus en plus. Ayala, c’est un succès à verser au chapitre Redressements spectaculaires.

On l’aime parce que
C’est un champagne franc du collier, vif, désaltérant, le genre qui se boit tout seul, les amis aux anges, les anges sont des amis. C’est un champagne non dosé (sans sucre ajouté) et on aime ce coup de fouet-là.

Combien et combien ?
Environ 1 500 magnums, 75 euros le magnum.

Avec qui, avec quoi ?
Pour lui-même, avec des éclats de parmesan ou des gougères de la Maison Pou. Même les buveurs d’étiquettes vont adorer l’étiquette.

Il ressemble à quoi ?
À un outsider revenu du fond du classement. Ce qui fait plaisir à voir, à boire. Un bon champagne abordable, aussi. Un beau non dosé, enfin.

La bonne heure du bonheur
À l’apéritif, définitivement. Ou après dîner, pour se refaire un palais tout neuf.

Le hashtag
#champagnediet

Le bug
Le rosé du même Ayala est parfait, faut-il choisir ?

Ce qu’en dit le Bettane+Desseauve
Impeccable brut non dosé, sans la raideur que l’on retrouve pour tant de ces cuvées, mais au contraire un fruit remarquablement exprimé et une allonge en souplesse. Idéal pour concilier les esthètes du champagne et les gourmets. 16/20


Cette chronique a été publiée dans En Magnum #10.
Le numéro 11 est attendu le 30 mars chez votre marchand de journaux.

mercredi 7 mars 2018

Mes magnums (58), un sauternes adorable
et pas hors de prix pour ce que c'est


Château Lafaurie-Peyraguey, premier cru classé, sauternes 2013


Pourquoi lui

Parce que Silvio Denz, le nouveau propriétaire, est un as du renflouement de vignobles. Il a déjà quelques réussites à son actif, à Saint-Émilion comme en Italie. Ici, sur les 36 hectares du domaine, il a bien l’intention de faire un très grand vin et de conjurer le mauvais sort qui s’acharne sur l’appellation. Lui, il ne voit pas le problème et il a bien raison.

On l’aime parce que
Sa richesse somptueuse qui ménage toute la place à la finesse attendue, la persistance interminable, l’exercice de style dans sa perfection.

Combien et combien ?

2 500 magnums, 100 euros le magnum.

Avec qui, avec quoi ?
Il paraît que le sauternes, c’est clivant. J’ai toujours vérifié le contraire. Un magnum à partager avec vos meilleurs amis, ceux qui vous font confiance, ceux à qui vous avez envie de faire plaisir.

Il ressemble à quoi ?
Comme tous les grands liquoreux, à un rayon de soleil au fond d’un verre.

La bonne heure du bonheur
Trop grand vin pour être servi à l’apéritif, il accompagnera divinement une poularde de Bresse en suprême. Et, après dîner, il passera au salon pour devenir vin de méditation. Ou de conversation, ça dépend des convives.

Le hashtag
#neverwithoutmysauternes

Le bug

La communication des sauternes est illisible, voire inexistante

Ce qu’en dit le Bettane+Desseauve
Immense réussite, somptuosité et finesse incarnées, fruité prestigieux, très long, vraiment digne de son terroir. 18,5/20



Cette chronique a été publiée dans En Magnum #10. Le numéro 11 est attendu le 30 mars chez votre marchand de journaux.

jeudi 1 mars 2018

Les pesticides, la télé à scandale
et une réponse cash

Ce mardi 27 février 2018, a été diffusé sur France 2, Cash Impact,
« Pesticides : notre santé en danger ». Je n’ai pas vu l’émission, pas voulu m’énerver devant ma télé, autre chose à faire, la vie, quoi. Plus tard, je reçois un communiqué de presse en provenance de la filière des vins de Bordeaux, présidée par Allan Sichel. Je trouve cette réponse particulièrement bien argumentée et très juste dans ses précisions face aux approximations d’une télé à scandales.

On lit attentivement : 

« − Cash Impact aurait pu dire que des molécules de produits interdits depuis plus de 10 ans peuvent encore laisser des traces dans l’environnement, c’est pour cela qu’ils ont été interdits.
 − Cash Impact aurait pu révéler que le Diuron, bien qu’interdit depuis 10 ans en agriculture, est toujours autorisé pour d’autres usages, notamment le bâtiment (peintures et anti mousses de façades).
 − Cash Impact ne devrait pas laisser croire, sans preuves, que des viticulteurs fraudent en achetant à l’étranger des produits interdits en France.
 − Comme Allan Sichel s’y était engagé lors de son interview avec Elise Lucet, le CIVB a investigué. Il est en mesure de révéler aujourd’hui que toutes les parcelles de vigne situées à proximité des écoles mentionnées dans Cash Impact, c’est-à-dire Listrac, Arcins et Pauillac sont aujourd’hui traitées avec des produits homologués en bio ce qui atteste donc de
contaminations anciennes pas nécessairement agricoles.
 − Cash Impact aurait pu souligner la division par deux des ventes de pesticides classés CMR en Gironde entre 2014 et 2016 : 850 tonnes en 2016 contre 1 800 tonnes en 2014, soit – 55 % en trois ans (Source DRAAF Nouvelle Aquitaine).
 − Cash Impact aurait pu parler de la baisse de 35% des ventes d’herbicides en Gironde entre 2014 et 2016 (Source DRAAF Nouvelle Aquitaine)
− Cash Impact aurait pu montrer les vignes arrachées près de sites sensibles (écoles, crèches)
 − Cash Impact aurait pu donner le chiffre de 1,3 km de haies protectrices, plantées depuis 2014 près des sites sensibles de la seule AOC Blaye Côtes de Bordeaux.
 − Cash Impact aurait pu souligner que 745 sites sensibles font l’objet d’une information spécifique et que 903 viticulteurs sont désormais alertés chaque année à la nécessaire vigilance qu’ils doivent avoir vis-à-vis de leurs voisins.
 − Cash Impact aurait pu rappeler que la Gironde est le premier département de France en tonnage pour les pesticides agréés en agriculture biologique. Ils représentent d’ailleurs plus de 35 % du tonnage total des pesticides utilisés à Bordeaux, en augmentation de 30% par rapport à 2015 (Source DRAAF Nouvelle Aquitaine).
 − Cash Impact aurait pu ainsi expliquer qu’un grand nombre de viticulteurs de Gironde utilisent des pesticides certifiés bio, même s’ils ne font pas partie des 7% du vignoble en agriculture biologique.
 − Cash Impact aurait pu parler du travail des professionnels bordelais pour obtenir la ré-homologation du cuivre et de la bouillie bordelaise tellement indispensables à la viticulture bio et à la viticulture conventionnelle.
 − Cash Impact aurait pu souligner l’action de la filière dans la recherche et les évolutions règlementaires pour l’obtention de cépages naturellement résistants qui permettent de diminuer de 80% le nombre de traitements par an.
 − Cash Impact aurait pu mentionner que plus de 60% des entreprises de la filière viti-vinicole bordelaise sont maintenant engagées dans une certification environnementale.
 − Cash Impact aurait pu interpeller les firmes agrochimiques sur l’insuffisance de leurs investissements pour l’obtention de solutions alternatives du type « bio contrôle ».
 − Cash Impact aurait pu s’interroger sur la façon dont les firmes agrochimiques se dégagent de leurs responsabilités sur le dos de leurs clients agriculteurs et viticulteurs. Elles tiennent un double discours qui promeut le tout chimique et dans le même temps imposent des consignes de sécurité irréalistes avec le port d’équipements de protection individuels, tout en sachant qu’ils sont insupportables sous la chaleur de juillet.

Le sujet des pesticides mérite d’être traité avec rigueur et justesse sans aucun sensationnalisme.
Il n’y a pas d’omerta à Bordeaux.
Les professionnels des vins de Bordeaux souhaitent que le Ministère de l’Agriculture accompagne les viticulteurs dans un plan de sortie des pesticides, d’ailleurs proposé dans le plan filière remis à Monsieur Stéphane Travert le 29 janvier 2018.
Enfin, les professionnels des vins de Bordeaux interpellent les firmes agrochimiques et attendent qu’elles proposent des solutions alternatives sans impact sur la santé des viticulteurs, des ouvriers agricoles et des riverains.
Les femmes et les hommes du vin de Bordeaux, les vignerons, les négociants, leurs salariés, tous ceux qui travaillent pour cette filière, déjà pleinement engagés dans la transition écologique, sont fiers d’être les artisans du changement qu’ils mettent en oeuvre avec volontarisme.
Bordeaux a pris un virage historique. »

Bref, à Bordeaux, personne n’est engagé dans lextermination de sa clientèle. On s’en doutait un peu. Bravo à ceux qui ont réagi aussi vite et aussi bien.